Page:La Sainte Bible, trad Crampon, édition 1923.djvu/1790

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
Dictionnaire du Nouveau Testament


omis à dessein ce que N.-S. a dit ou fait en faveur des habitants de Samarie.

A travers mille vicissitudes, les Samaritains ont survécu jusqu’à nos jours ; mais ils sont bien près peut-être de s’éteindre. La ville de Naplouse (l’ancienne Sichem) en compte encore une trentaine de familles, qui ont conservé l’antique vénération de leurs pères pour le mont Garizim.

SANHÉDRIN ou GRAND CONSEIL. — A dater du temps des Asmonéens (IIe siècle avant J.-C.), on trouve dans l’histoire juive un tribunal supérieur ou haute cour de la nation, appelé des divers noms de Sénat, Conseil, grand Conseil et Sanhédrin (du grec συνέδριον consistoire, assemblée). Des Rabbins soutiennent que l’institution de ce grand Conseil remonte au temps de Moïse. Ils s’appuient sur le passage du livre des Nombres (xi, 24-25) où Moïse raconte que peu de temps après avoir quitté le Sinaï pour s’avancer vers la terre promise, il institua, sur l’ordre de Dieu, un conseil de 70 anciens, auxquels Dieu communiqua une large effusion de dons spirituels, en particulier le don de prophétie. Mais il ne semble pas que ces Anciens aient formé un corps constitué qui aurait subsisté jusqu’à l’exil, et qui, rétabli, après l’exil, serait devenu le Sanhédrin. En effet, il n’est plus question d’eux dans les livres postérieurs au Pentateuque. Leur institution paraît donc n’avoir été que temporaire. Il nous semble par conséquent que le Sanhédrin ne fut établi qu’après la captivité et peut-être, comme son nom grec paraît l’indiquer, date-t-il de l’époque macédonienne et du temps de la domination des Séleucides.

Le Sanhédrin était composé de 71 membres, y compris le président, qui portait le titre de Nasi, prince. Le grand prêtre n’était pas d’abord président de droit du Sanhédrin ; et de fait il ne paraît pas avoir exercé cette charge avant la mort de Hillel. Mais à ce moment il devient président du Sanhédrin et garda cette fonction jusqu’à la ruine de Jérusalem. Ou distinguait trois classes de personnes : celle des Princes ou chefs des prêtres, nommés aussi grands prêtres ou archiprêtres ; celle des Scribes ou docteurs de la Loi, et celle des Anciens, Princes ou Principaux du peuple. Comme le nombre des membres de chaque classe n’était pas fixé d’une manière invariable, il arrivait souvent que le collège des prêtres formait la majorité. Le Sanhédrin exerçait l’autorité doctrinale, judiciaire et administrative, dans les cas les plus graves. La juridiction pénale était exercée plus particulièrement par une partie de l’assemblée composée de vingt-trois membres, appelée Beth-Din, “ maison de justice ”, “ tribunal ”, qui avait à sa tête le vice-président de l’assemblée entière, nommé à cause de ses fonctions Ab Beth-Din, “ Père du Tribunal ”. Voici comment la Mischna, traité Sanhédrin, décrit ses attributions : “ Le jugement des soixante-onze est convoqué quand l’affaire concerne toute une tribu, ou un faux prophète ou le grand prêtre ; quand il s’agit de savoir si l’on doit commencer la guerre, si l’on doit agrandir Jérusalem, ou y faire des changements essentiels ”, etc. Les séances se tenaient dans une salle près du temple nommée Gazith, salle des pierres taillées. Les sièges étaient disposés en demi-cercle ; le Nasi ou président était assis au milieu, ayant à sa droite le Père du Tribunal, puis tous les autres membres de chaque côté, le visage tourné vers le sanctuaire, afin de ne jamais oublier les règles de la justice ; à chacune des deux extrémités de l’hémicycle était placé un secrétaire. — Disons un mot de chacune des trois classes qui composaient le Sanhédrin.

I. Classe des Princes des prêtres. A l’époque de la Passion de N.-S., elle avait à sa tête Joseph Caïphe, qui avait été nommé pontife peu de temps avant l’arrivée de Pilate. Après lui venait comme Sagan du sacerdoce (coadjuteur du grand-prêtre), le vieil Ananus ou Anne, qui déjà, 22 ans auparavant, avait occupé pendant 8 ans le siège d’Aaron ; puis une dizaine d’ex-pontifes, ou de grands prêtres destitués ; enfin les Princes des prêtres proprement dits, c’est-à-dire, les chefs des 24 familles ou classes des prêtres, dont chacune était chargée pendant une semaine du service ordinaire du temple. Parmi eu se trouvait sans doute Helcias, trésorier du temple à cette époque, d’après Josèphe : c’est de lui que Judas dut recevoir les trente deniers, prix de sa trahison.

II. Classe des Scribes ou docteurs de la Loi. On appelait ainsi les Juifs instruits qui avaient pour fonction d’expliquer et d’interpréter la Loi. A Jérusalem, on pouvait les entendre à toute heure du jour dans les cours et les portiques du temple, rendez-vous d’une foule considérable. Ces docteurs avaient un rang très élevé dans la nation ; souvent même ils l’emportaient en considération sur les prêtres, dont les fonctions étaient purement rituelles. On les appelait, suivant leur dignité, rab, rabbi ou rabban. Plusieurs d’entre eux faisaient école et avaient de nombreux disciples ; on ne compte guère, à partir des derniers prophètes, de noms plus illustres que ceux de Hillel et de Schammaï, deux maîtres célèbres qui venaient de mourir quand N.-S. vint au monde, et dont les disciples se divisaient et se passionnaient pour des questions de doctrine ou de casuistique, à peu près comme faisaient au moyen âge les disciples de S. Thomas et de Scot. Tandis que la plupart des prêtres étaient Sadducéens, presque tous les Scribes professaient les doctrines du pharisaïsme : voilà pourquoi on les trouve si souvent dans l’Evangile unis aux Pharisiens contre Jésus. Les docteurs de la

— 350 —