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Dictionnaire du Nouveau Testament


Loi formaient la deuxième classe du Sanhédrin. Un des plus célèbres, au temps de N.-S., était Gamaliel, de la race de David, et petit-fils de Hillel. Il était pharisien, comptait parmi ses disciples celui qui fut plus tard l’apôtre S. Paul, et se montra sans doute, dans le Sanhédrin, favorable au parti du Messie (voy. Act. v, 34 ; xxii, 3). Mais sa voix fut étouffée dans ces jours d’épouvante par les cris de fureur de la race déicide. A cette classe appartenait probablement Nicodème, disciple secret, mais fidèle de Jésus (Jean iii, 1, 10). Cependant plusieurs le rangent dans la troisième classe, celle des princes du peuple.

III. Classe des Anciens, ou des Princes du peuple. Toute la nation israélite était divisée en douze tribus, et chaque tribu en plusieurs familles ; en outre, chaque tribu, comme chaque famille, avait son chef, et ce chef était, en général, selon la coutume des Orientaux, le plus ancien de la famille ou de la tribu. Dès le séjour des Hébreux en Egypte, nous voyons les Anciens figurer comme chefs, comme juges ou comme représentants du peuple auprès de Moïse, qui confère avec eux sur les affaires importantes. Sous la monarchie il n’est plus question d’eux, ainsi que nous l’avons dit plus haut. Mais après le retour de la captivité, il en est de nouveau fait mention dans les Livres Saints. Ils font alors partie du Sanhédrin, et forment ainsi une portion importante de la magistrature suprême de la nation. L’Evangile les appelle Princes du peuple, Anciens du peuple, ou simplement Princes, Anciens ; il nous donne même le nom de l’un d’eux, Joseph d’Arimathie, disciple secret de Jésus (Matth. xxvii, 57, 59 ; Marc, xv, 43-46 ; Luc, xxiii, 50 ; Jean, xix, 38). Ajoutons que dans certains passages les mots Prince ou Ancien désignent un membre du Sanhédrin en général, sans distinction de classe.

SCRIBES : voy. Sanhédrin.

SYNAGOGUE (c’est-à-dire assemblée), nom donné chez les Juifs à certaines réunions religieuses et aux édifices où se tenaient ces réunions. Le Pentateuque ne prescrit nulle part de se rassembler dans des lieux particuliers pour prier, en dehors du tabernacle et par conséquent dans le sanctuaire unique de Jérusalem ; mais les Juifs en éprouvèrent le besoin de bonne heure (II Rois, iv, 23), surtout à l’époque de la captivité. Dans l’impossibilité de se rendre au temple de Yahweh, ils organisèrent des assemblées pour entretenir dans leur cœur et dans celui de leurs enfants l’amour de leur religion, et pour rendre à Dieu les hommages du culte public que la loi permettait, c’est-à-dire la prière, moins le sacrifice. Après leur retour en Palestine, les synagogues se multiplièrent rapidement. Toute la population fut organisée en sections, avec des chefs reconnus, et l’on se rendait ensemble, à certains jours, en un lieu choisi à cette intention, pour y faire des prières publiques, y chanter des psaumes, y lire et y expliquer la Sainte Ecriture.

Au temps de J.-C., chaque ville ou village de la Palestine possédait au moins une synagogue ; il en était de même dans les villes de l’empire romain où se trouvait une colonie juive ; à Jérusalem, on en comptait jusqu’à 450, au dire des rabbins. C’étaient des édifices de forme rectangulaire, variant de richesse et de grandeur selon l’importance des villes. Elles étaient orientées de manière que les fideles, en entrant et en priant, fussent tournés du côté de Jérusalem. On n’y voyait ni images, ni autel, mais, vers le fond, un coffre de bois, couvert d’un voile, qui contenait les Livres saints. C’est près de ce coffre que se trouvaient les premiers sièges, tant recherchés des Scribes et des Pharisiens (Matt. xxiii, 6), et où l’on conduisait les personnages distingués (Jacq. ii, 3). Vers le milieu s’élevait l’estrade où montait le lecteur de la Bible, et le rabbi qui exhortait l’assemblée. Quant aux fidèles ordinaires, ils se tenaient dans la nef, qu’une cloison ou treillis divisait en deux parties, l’une pour les hommes, l’autre pour les femmes.

Toute synagogue avait à sa tête un chef (archisynagogus), auquel appartenait la présidence dans les réunions, ainsi que l’administration des affaires temporelles et spirituelles. Il était assisté d’un conseil d’anciens, appelés aussi quelquefois chefs de synagogue (Marc, v, 22). Au-dessous d’eux, il y avait une sorte de ministre officiant, le scheliah, qui récitait les prières au nom de l’assemblée ; une sorte de sacristain, le hazan, qui ouvrait les portes et préparait les manuscrits ; enfin un targoumiste, ou interprète, chargé de traduire aux fidèles le passage hébreu que l’on venait de lire.

On se réunissait dans les synagogues trois fois la semaine, le lundi, le jeudi et le jour du sabbat ; la réunion du sabbat était seule obligatoire. Le scheliah commençait par réciter sur un ton monotone les prières liturgiques ; puis le hazan tirait du coffre sacré un des rouleaux ou volumes de la Loi, et le présentait à la personne de l’assemblée que le chef de la synagogue avait désignée pour remplir les fonctions de lecteur. Comme cette lecture se faisait en hébreu, que le peuple n’entendait plus depuis la captivité, le targoumiste expliquait le texte sacré, phrase par phrase, dans la langue du pays. Ensuite, sur l’invitation du chef de la synagogue, un rabbi ou toute autre personne adressait au peuple “ la parole de consolation ”, c’est-à-dire une instruction dogmatique ou morale. Si quelque Juif étranger, distingué par sa doctrine, paraissait dans l’assistance, on s’empressait de le conduire à l’estrade, afin de recevoir son enseigne-

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