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Dictionnaire du Nouveau Testament


ment : Jésus eut plusieurs fois cet honneur (Luc, iv, 16-21). La réunion se terminait par quelques prières.

Les synagogues ont joué un rôle important dans l’établissement du christianisme ; la Providence semble les avoir préparées pour servir de chaires aux Apôtres. Dans toutes les villes de l’empire romain, où ils portaient leurs pas, ils trouvaient des Juifs et des réunions régulièrement tenues, par conséquent un auditoire tout préparé à les entendre proclamer la divinité de J.-C. et de son Eglise. Voy. Act. ix, 20, et passim.

TEMPLE. — Sur l’antique mont Moriah, à l’endroit même où s’élevait le temple de Salomon, fut rebâti après la captivité le second temple que le Messie devait honorer de sa présence (Mal. iii, 1). Il fut considérablement augmenté et embelli par Hérode et pour ainsi dire transformé. Les travaux commencés par ce prince, la 18e année de son règne (730 de Rome), se poursuivaient encore la première année du ministère de Jésus, 46 ans après (Jean ii, 20), et ne devaient être achevés qu’en 64, six ans avant sa ruine (70). Grâce aux descriptions de Josèphe, témoin oculaire (Bell. Jud., v, 5 ; Ant. Jud., xv, 11 et passim), complétées dans une certaine mesure par le Talmud, et contrôlées par les fouilles modernes, nous pouvons nous faire une idée de ce Temple, sinon précise pour tous les détails, du moins assez exacte dans l’ensemble. Sur la colline ceinte de murs gigantesques et aplanie, s’étageaient plusieurs enceintes superposées de portiques et de cours, couronnées et dominées par le sanctuaire proprement dit, dominé lui-même par la citadelle Antonia fortement assise au nord-ouest de toutes ces constructions. Ce vaste ensemble offrait au spectateur placé sur le mont des Oliviers â peu près l’aspect de la reconstruction tentée par M. de ogué et figurée sur le plan cavalier placé à la fin de ce volume.

Ainsi devait apparaître le temple aux regards de Jésus-Christ et de ses apôtres quand ils le contemplaient du mont des Oliviers et que le divin Maître en prédisait la ruine. (Matth. xxiv, 2 ; Marc, xiii, 2 ; Luc, xxi, 6.)

Il importe de remarquer que le mot temple désigne deux parties de cet ensemble de constructions, que le grec du Nouveau Testament a soin de bien distinguer par deux mots, confondus dans la Vulgate sous la même traduction, templum : l’une de ces parties est le ναός, naos, ou sanctuaire proprement dit ; l’autre, le ἱέρον, hiéron, ou lieu saint, s’applique aux parvis et à l’ensemble de leurs édifices ou portiques. Si l’on veut avoir l’intelligence exacte de plusieurs passages des Evangiles et des Actes des Apôtres, il ne faut point oublier cette distinction.

1o Le hiéron ou lieu saint était double : le hiéron ou parvis extérieur, le hiéron ou parvis intérieur. Le parvis extérieur était une vaste cour dont les limites répondaien à l’aire actuelle du Haram-ech-chérif, soustraction faite de la place occupée par la forteresse Antonia : elle mesurait environ 500 mètres du nord au sud et 250 à 300 mètres de l’est à l’ouest. Cette superficie dépassait celle du premier temple, parce que l’étendue occupée autrefois au midi par les palais de David et de Salomon avait été renfermée au temps d’Hérode dans l’enceinte sacrée. Cet immense rectangle, ou trapèze pour parler plus exactement, était entouré de vastes portiques, qui à l’est, au nord et à l’ouest avaient trois rangs de colonnes formant deux nerfs, et au midi quatre rangs de colonnes formant trois nefs. Ce dernier portique remarquable par ses 164 colonnes et son toit en cèdre sculpté avait la forme d’une basilique : il se nommait le portique royal. On y entrait de l’extérieur par deux portes, dont on voit encore les restes, la porte double et la porte triple. Le portique occidental avait quatre portes du côté du Tyropæon, et un pont le mettait en communication directe avec la ville haute. Une porte ouverte dans le portique oriental ou de Salomon, la porte de Suse, donnait accès à la direction du Cédron et du mont des Oliviers : Sous ces portiques qui servaient d’abris contre le soleil ou la pluie, les Pharisiens se réunissaient pour discuter entre eux, les scribes ou docteurs de la loi groupaient des auditeurs. C’est sous un de ces portiques du hiéron extérieur (ἐν τῷ ἱερῷ, dit le Grec, in templo traduit la Vulgate) que Jésus à douze ans était assis au milieu des docteurs, les écoutant et les interrogeant (Luc, ii, 46). S. Jean (x, 23) nous donne le nom d’un de ces portiques où le Sauveur enseignait durant un de ses voyages à Jérusalem. Jésus, dit-il, allait et venait dans le hiéron (ἱερῷ, Vulgate templo), sous le portique de Salomon. D’après Josèphe c’était le portique oriental. Abrité contre le vent d’est, favorablement exposé au soleil de l’après-midi, ce portique devait être recherché en hiver ; et S. Jean remarque qu’on était en hiver, au temps de la fête de la Dédicace, c’est-à-dire au mois de décembre. Il est dit également de Pierre et de Jean, après la guérison du boiteux (Act. iii, 11), que le peuple accourut vers eux au portique de Salomon.

La cour bordée par ces portiques est appelée communément parvis des Gentils, parce qu’il était accessible à tous, aussi bien aux étrangers qu’aux Juifs. Cependant les vendeurs et les changeurs ne devaient pas s’y établir, mais rester hors de l’enceinte sacrée, près des portes. C’était par un abus toléré des autorités du temple qu’ils avaient pris l’habitude de pénétrer dans les parvis. Le zèle de la maison de Dieu porta Jésus à chasser les vendeurs du hiéron extérieur, ou parvis

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