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Dictionnaire du Nouveau Testament

La porte du Saint moins haute et moins large était ornée de lames d’or plaquées sur les montants, et d’une vigne d’or courant sur le linteau avec des grappes pendantes de la hauteur d’un homme. Elle symbolisait Israël, la vigne du Seigneur. Un grand voile babylonien de fin lin blanc avec des tapisseries de diverses couleurs, hyacinthe, pourpre et écarlate, fermait cette ouverture et dérobait l’intérieur du Saint aux regards profanes. Cette partie du sanctuaire était une vaste chambre rectangulaire de 20 mètres de long sur 10 de large et 15 de haut. Là se trouvait du côté du mur septentrional, vers le milieu et à un mètre environ de la paroi, la table des pains d’offrande (ou de proposition) qu’on renouvelait chaque Sabbat. En face du côté sud se dressait le chandelier d’or à sept branches, avec ses lampes brûlant, en tout ou en partie, jour et nuit. Entre la table et le candélabre, mais plus près du Saint des Saints et en face de la porte qui y donnait accès, était placé l’autel d’or ou autel des parfums, où les prêtres faisaient brûler deux fois par jour, soir et matin, l’encens en l’honneur de Yahweh. Zacharie remplissait cette fonction quand il eut la vision de l’ange à droite de l’autel des parfums dans le sanctuaire (Luc, i, 9). Comme cet autel, placé près du voile, était destiné à honorer la présence de Dieu résidant spécialement dans le Saint des Saints, on s’explique la description de l’Epître aux Hébreux (ix, 4), qui rappelle les expressions du livre des Rois (I (III) Rois, vi, 22). Ni l’un ni l’autre ne prétendent que l’autel des parfums était placé dans le Saint des Saints, mais seulement en rapp rt étroit avec le Saint des Saints, pour son service.

Au fond du Saint une porte s’ouvrait sur le Saint des Saints toujours fermée par un voile (dont le nom était καταπέτασμα). Ce voile du Saint des Saints se déchira par le milieu à la mort de Jésus-Christ, (Matth. xxvii, 51 ; Marc, xv, 30 ; Luc, xxiii, 45) pour marquer la fin de l’ancien culte (Hébr. ix, 8). Cette partie intime de l’édifice dans le temple de Salomon abritait l’arche d’alliance, où résidait la majesté divine. Dans le nouveau temple le Saint des Saints était vide. Le grand prêtre dans l’exercice de sa charge n’y entrait qu’une fois par an, tandis que les prêtres pénétraient chaque jour dans le Saint pour y exercer leurs fonctions. L’auteur de l’Epître aux Hébreux (ix, 1-10) insiste sur le sens spirituel de ces dispositions. Le Saint des Saints ou oracle était une salle carrée de 10 mètres de large sur 10 de profondeur.

Des chambres étaient adossées au Saint des Saints. Le toit était plat et entouré d’une balustrade ; des aiguilles dorées d’une coudée empêchaient les oiseau d’y séjourner. Lorsque les rayons du soleil venaient à frapper ses pierres blanches et sa toiture dorée, le sanctuaire devait merveilleusement se détacher au milieu de cette ceinture de portiques et ravir d’admiration les étrangers qui contemplaient cet ensemble du mont des Oliviers Josèphe (Bel. Jud., v, v. 6) le compare à un soleil éblouissant au sommet d’une montagne de neige. La surveillance et la police de toutes ces constructions avec leurs parvis étaient confiées à un commandant ou préfet du temple (Act. iv, 1) qui avait sous ses ordres des officiers et des agents chargés de maintenir l’ordre (Luc, xxii, 4). Leur présence devait être nécessaire surtout lorsque les grandes fêtes d’Israël amenaient les pèlerins par centaine de mille dans le temple.

TIBÉRIADE. (mer de) — Le lac ou mer de Tibériade est ainsi appelé du nom de la grande ville que les Romains avaient bâtie sur ses bords. Il est appelé aussi lac de Génésareth, à cause de la plaine de Gennésar qu’il fertilise — et mer de Galilée, parce qu’il est situé dans la partie septentrionale de cette province. Ce lac a de cinq à six lieues de long, sur deux ou trois de large. Il est à 208 mètres au-dessous de la Méditerranée. Le Jourdain le traverse de part en part, du nord au sud. Quoique de formation volcanique, comme l’attestent son bassin en forme de cratère, la nature des roches qui l’entourent, et la présence d’eaux thermales dans le voisinage, il était, au temps de N.-S., environné de la plus riche végétation, et dix villes prospères (Capharnaüm, Tibériade, Bethsaïde, Magdala, etc.), bâties sur ses bords, lui formaient comme une couronne vivante, en même temps qu’elles tiraient eurs richesses de ses eaux poissonneuses et de la culture de l’olivier et de la vigne, si prospère alors en cette contrée. Le Sauveur du monde s’est plu à répandre ses prodiges et ses divins enseignements autour de cette mer privilégiée : il la traversa bien des fois dans une barque ; il apaisa miraculeusement ses eaux soulevées par la tempête ; c’est parmi les pêcheurs de ses bords qu’il choisit ses apôtres, pour en faire des pêcheurs d’hommes. Aujourd’hui, à part les roseaux et les la riers-roses du rivage, et quelques palmiers qui s’élèvent au-dessus des masures de Tibériade, cette belle végétation a disparu et toutes les villes sont détruites.

TIBÉRIADE (ville de), ville bâtie avec une grande magnificence sur le bord occidental du lac de ce nom, par Hérode Antipas, tétrarque de Galilée, qui en fit sa capitale et lui donna le nom de Tibériade en l’honneur de l’empereur Tibère. Elle était surtout peuplée d’étrangers, Grecs et Romains. L’Evangile ne dit pas que N.-S. y soit venu ; mais il est difficile d’en douter, quand on étudie les voyages de Jésus autour du lac de Génésareth. La ville moderne de Tabariéh, entourée d’un mur de basalte, n’égale pas, à beaucoup près,

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