Page:La Sainte Bible, trad Crampon, édition 1923.djvu/519

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dès son jeune âge. 9Parvenu à l’âge d’homme, il épousa une femme de sa tribu, nommée Anne ; et il en eut un fils auquel il donna son nom,[1] 10et qu’il instruisit dès l’enfance à craindre Dieu et à s’abstenir de tout péché.

11Lors donc qu’il fut arrivé comme captif, avec sa femme et son fils, en la ville de Ninive, où était toute sa tribu, 12bien que tous les autres mangeassent des mets des païens, il garda son âme pure, et jamais il ne se souilla par leurs viandes. 13Et parce qu’il se souvenait fidèlement du Seigneur, Dieu lui concilia la faveur du roi Salmanasar, 14qui lui donna pouvoir d’aller partout où il voudrait, avec liberté de faire ce qu’il lui plairait.[2] 15Il allait donc visiter tous ceux qui étaient captifs et leur donnait des conseils salutaires.

16Etant une fois allé à Ragès,[3] ville des Mèdes, avec dix talents, provenant des largesses dont le roi l’avait enrichi, 17il vit, parmi le grand nombre de ses compatriotes, un homme de sa tribu, nommé Gabélus,[4] qui était dans le besoin, et il lui donna contre un reçu cette somme d’argent.

18Longtemps après, le roi Salmanasar[5] étant mort, Sennachérib, son fils, régna à sa place. Comme ce prince avait une grande haine contre les enfants d’Israël, 19Tobie allait visiter chaque jour tous ceux de sa parenté ; il les consolait et distribuait de ses biens à chacun, selon son pouvoir ; 20il donnait à manger à ceux qui avaient faim, procurait des vêtements à ceux qui étaient nus et mettait un grand zèle à donner la sépulture à ceux qui étaient morts ou qui avaient été tués. 21Lorsque le roi Sennachérib,[6] revenu de Judée en fugitif, après la défaite dont Dieu l’avait frappé pour ses blasphèmes, faisait mettre à mort, dans sa fureur, un grand nombre des enfants d’Israël, Tobie enterrait les cadavres. 22La nouvelle en ayant été apportée au roi, il ordonna de le mettre à mort et lui ôta tous ses biens. 23Mais Tobie prit la fuite avec son fils et sa femme, et, dépouillé de tout, il réussit à se cacher, parce qu’il avait beaucoup d’amis. 24Quarante-cinq jours après, le roi fut tué par ses propres fils. 25Alors Tobie revint dans sa maison, et tous ses biens lui furent rendus.[7]


2. Chap. ii, 1 — iii, 6 : La cécité de Tobie, sa résignation.Zèle de Tobie pour la sépulture des morts (ii, 1-9). L’accident et ses raisons providentielles (ii, 10-14). Réponse de Tobie aux railleries de ses parents et amis (ii, 15-18). Colère de la femme de Tobie en présence de ses scrupules (ii, 19-23). Prière de Tobie, il demande la mort (iii, 1-6).

Après cela, une fête[8] du Seigneur étant venue, et un grand repas ayant été préparé dans la maison de Tobie, 2il dit à son fils : “Va et amène quelques hommes de notre tribu, craignant Dieu, afin qu’ils mangent avec nous.” 3Son fils partit ; à son retour, il lui annonça qu’un des enfants d’Israël, qu’on avait assassiné, gisait dans la rue. À l’instant, Tobie se leva de table et, laissant là le repas sans avoir rien mangé, arriva au cadavre, 4le prit et le rapporta secrètement à sa maison, afin de l’inhumer avec précaution après le coucher du soleil. 5Lorsqu’il l’eut caché, il prit son repas avec larmes et tremblement, 6au souvenir de cette parole que le Seigneur avait dite par le prophète Amos : “Vos

  1. 9. Son nom : le père est toujours appelé Tobit dans le texte grec, Tobis dans la vers. Italique, et le fils Tobias ; la Vulg. seule donne aux deux ce dernier nom. C’est donc dans un sens large qu'il faut, ce semble, entendre les mots son nom dans notre verset. Cependant on pourrait aussi regarder le t final du texte gr. et l’s de l’Italique comme de simples désinences ajoutées à la forme hébraïque Tobi, et cette forme hébraïque elle-même comme une abréviation du nom complet Tobiyah, en gr. Tobias, l’élément yah pouvant se sous-entendre dans les noms propres. Compar. Phaltiel (Dieu est mon libérateur) II Sam. iii, 15 et Phalti (mon libérateur est Dieu) I Sam. xxv, 44.
  2. 14. D’après le texte grec, Tobie était le fournisseur de la cour.
  3. 16. Ragès (en gr. Rhage ou Rhagoi), une des plus grandes et des plus anciennes villes de la Médie. Dans l’inscription de Béhistoun elle est appelée Raga (texte perse) Rakkan (texte médique) ; ses ruines, un peu à l’est de Téhéran, portent le nom de Rei.
  4. 17. Gabélus, en gr. Gabaël. — Contre un reçu : le grec dit mieux, en dépôt : on ne voit pas autrement pourquoi Tobie aurait prêté une si grosse somme (90 000 fr. !) à Gabélus.
  5. 18. Salmanasar : Sargon (voir la note du vers. 2) après avoir régné de 722 à 705 avant J.-C., eut pour successeur Sennachérib.
  6. 21. Sennachérib : voy. II Rois, xviii, xix ; II Par. xxxii ; Is. xxxvi sv.
  7. 25. Il fut redevable de son retour, comme l’explique le texte grec, à l’intervention de son neveu Achiacharus (ou Achior, Vulg. xi, 20) : Mais cinquante (-cinq) jours n’étaient pas encore passés, que deux de ses fils le tuèrent et s’enfuirent dans les montagnes d’Ararat. Sarchedonus, son fils, régna à sa place. Il mit à la tête des finances de son père et de toutes ses affaires, Achiacharus, fils de mon frère Anati, Achiacharus intercéda pour moi, et je revins à Ninive. Achiacharus était échanson, garde du sceau, intendant et préposé aux affaires. Et Sarchedonus l’établit le premier après lui ; il était mon neveu. (Voir ii, 19 note.)
  8. II, 1. Une fête, celle de la Pentecôte (texte grec).