Page:La Sainte Bible, trad Crampon, édition 1923.djvu/521

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3. Chap. iii, 7-23 : Épreuve de Sara, fille de Raguel.Infortunes de Sara dans ses mariages antérieurs (iii, 7, 8) ; elle est, à ce sujet, insultée par sa servante (iii, 9, 10a). Peine de Sara, sa prière ; elle demande d’être délivrée, de son opprobre ou de mourir (iii, 10b-23).

7Il arriva en ce même jour, à Ecbatane,[1] ville des Mèdes, que Sara, fille de Raguel, entendit, elle aussi, les injures d’une des servantes de son père. 8Car elle avait été successivement donnée en mariage à sept maris, et un démon, nommé Asmodée,[2] les avait fait mourir aussitôt qu’ils étaient venus auprès d’elle. 9Comme elle reprenait donc cette servante pour quelque faute, celle-ci lui répondit en disant : “Que jamais nous ne voyions sur la terre ni fils ni fille de toi, meurtrière de tes maris. ! 10Veux-tu donc me donner aussi la mort, comme tu as déjà fait mourir sept maris ? “A cette parole, Sara monta dans la chambre haute de sa maison et y resta trois jours et trois nuits, sans boire ni manger. 11Mais, persévérant dans la prière, elle suppliait Dieu avec larmes de la délivrer de cet opprobre.[3]

12Le troisième jour, elle acheva sa prière et bénit le Seigneur, 13en disant : “Béni soit votre nom, ô Dieu de nos pères, qui, lors même que vous êtes irrité, faites miséricorde, et qui, au temps de la tribulation, pardonnez les péchés à ceux qui vous invoquent. 14Vers vous, Seigneur, je tourne mon visage, vers vous j’élève mes yeux. 15Je vous demande, Seigneur, de me délivrer des liens de cet opprobre ; sinon, de me retirer de cette terre.[4] 16Vous savez, Seigneur, que je n’ai jamais désiré un mari, et que j’ai conservé mon âme pure de toute concupiscence. 17Jamais je n’ai fréquenté les jeux folâtres et n’ai eu de commerce avec les hommes de conduite légère. 18C’est dans votre crainte, et non pour suivre ma passion, que j’ai consenti à prendre un mari. 19Ou bien je n’étais pas digne d’eux, ou bien peut-être n’étaient-ils pas dignes de moi, car il se pourrait que vous m’ayez conservée pour un autre époux. 20Il n’est pas au pouvoir de l’homme de pénétrer vos desseins. 21Mais quiconque vous honore tient pour assuré que sa vie, si elle a été dans l’épreuve, sera couronnée, que s’il a été dans la tribulation, il sera délivré, et que si le châtiment est venu sur lui, il pourra obtenir votre miséricorde. 22Car vous ne prenez point plaisir à notre perte, mais après la tempête vous ramenez le calme, et après les pleurs et les larmes vous répandez la joie. 23Que votre nom, Dieu d’Israël, soit béni dans tous les siècles !”

DEUXIÈME PARTIE.
[III, 24 — XII, 22.]

INTERVENTION PROVIDENTIELLE EN FAVEUR DE TOBIE ET DE SARA.
1. Chap. iii, 24, 25:Thème général ; les deux prières sont exaucées.

24Ces deux supplications[5] furent exaucées en même temps devant la gloire du Dieu souverain ; 25et le saint ange du Seigneur, Raphaël, fut envoyé pour guérir Tobie et Sara, dont les prières avaient été prononcées en même temps en présence du Seigneur.[6]

  1. 7. Ecbatane : sans aucun doute, dit le P. Comely, il faut lire ici Ecbatane au lieu de Ragès, nom que notre Vulgate seule — par suite d’une erreur déjà ancienne — donne à la ville de Raguel, contrairement à tous les autres textes. Comp. x, 1-6. — Voir Esdr. vi, 2. Judith i, 1 sv.
  2. 8. Asmodée : ce nom vient, soit du perse azmuden, tenter, soit plus probablement de l’hébreu schâmad, perdre. Comp. vi, 17.
  3. 11. Cet opprobre : de passer pour avoir fait mourir ses maris et de n’avoir point d’enfants. D’après le texte grec, Sara aurait eu un instant la pensée de s’étrangler ; mais elle la repoussa, à la pensée de l’opprobre qui en résulterait pour son père ; puis, s’approchant de la fenêtre pour regarder le ciel, elle commença sa prière.
  4. 15 sv. Dans le grec, Sara insiste plus que dans le latin sur la pensée de la mort.
  5. 24. La supplication de Tobie (vers. 2 sv.) et celle de Sara.
  6. 25. Pour guérir, secourir : l’expression fait allusion au nom même de Raphaël, qui signifie Dieu guérit, ou guérison de Dieu. On lit dans les LXX : “Raphaël fut envoyé pour les guérir l’un et l’autre, en faisant tomber les taies de Tobit, en donnant Sara, fille de Raguel, pour épouse à Tobie, fils de Tobit, et en liant le mauvais esprit Asmodée : car elle devait échoir à Tobie comme à son héritier. Dans ce même temps Tobie retourna chez lui et entra dans sa maison, et Sara, fille de Raguel, descendit de la chambre haute.”