Page:La Sainte Bible, trad Crampon, édition 1923.djvu/899

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11C’est pourquoi les idoles des nations seront visitées[1], parce que, créatures de Dieu, elles sont devenues une abomination, un scandale pour les âmes des hommes, un piège pour les pieds des insensés.

3. Chap, xiv, 12-20 : Origines du culte des statues.Elles ont été introduites par les hommes (xiv, 12-14), par le deuil de ceux qui, pleurant un fils, voulaient se le représenter (xiv, 15, 16), par la volonté d’un prince (xiv, 17-20).

12L’idée de faire des idoles fut le principe de la fornication[2], et leur invention a amené la perte de la vie.

13Il n’y en avait pas à l’origine et il n’y en aura pas toujours. 14C’est la vanité des hommes qui les a introduites dans le monde ; aussi leur fin prochaine est-elle arrêtée dans la pensée divine.

15Un père accablé par une douleur prématurée a façonné l’image d’un fils qui lui a été trop tôt enlevé ; et cet enfant qui était mort, il s’est mis à l’honorer comme un dieu, et il a institué parmi les gens de sa maison des rites pieux et des cérémonies. 16Puis, cette coutume impie, s’affermissant avec le temps, fut observée comme une loi, et, sur l’ordre des princes, on adora les statues.

17Quand on ne pouvait les honorer en face, parce qu’ils habitaient trop loin, on se représentait leur lointaine figure[3], et l’on façonnait une image visible du roi vénéré, afin de rendre à l’absent des hommages aussi empressés que s’il eût été présent. 18Et, pour le succès de la superstition, ceux qui ne le connaissaient pas y furent amenés par l’ambition de l’artiste. 19Celui-ci, en effet, désireux de plaire au maître puissant, épuisa tout son art à embellir le portrait. 20Et la foule des hommes, séduite par l’élégance de l’œuvre, regarda comme un dieu celui qui naguère était honoré comme un homme.

4. Chap, xiv, 21-31 : Conséquences morales et châtiment de l’idolâtrie.Immoralités du culte (xiv, 21-23) et de la vie ordinaire (xiv, 24-29). Le juste châtiment (xiv, 30, 31).

21Ce fut un piège pour les vivants que les hommes, sous l’influence de l’infortune ou de la tyrannie, eussent donné à la pierre ou au bois le nom incommunicable. 22Bientôt ce ne fut pas assez pour eux d’errer dans la notion de Dieu ; vivant dans un état de lutte violente, par suite de leur ignorance, ils appelaient du nom de paix de tels maux[4].

23Célébrant des cérémonies homicides[5] de leurs enfants ou des mystères clandestins, et se livrant aux débauches effrénées de rites étranges, 24ils n’ont plus gardé de pudeur ni dans leur vie, ni dans leurs mariages. L’un tue l’autre par la trahison, ou l’outrage par l’adultère. 25C’est partout un mélange de sang et de meurtre, de vol et de tromperie[6],

  1. 11. C’est pourquoi les idoles des nations seront visitées, m. à m., il y aura visite pour les idoles des nations. Vulg. Il n’y a pas d’égard pour les idoles des nations.
  2. 12. La fornication dont il s’agit ici est la prévarication religieuse.
  3. 17. On se représentait leur lointaine figure vulg. leur image était apportée de loin.
  4. 22-33. Conséquences morales de l’idolâtrie. Comp. Rom. i, 24 sv.
  5. 23. Cérémonies homicides : allusion aux sacrifices offerts à Moloch : voy. xii, 5. — Des mystères clandestins, qui s’accomplissent dans les ténèbres de la nuit : initiation aux mystères de Cybèle, de Priape, etc. — Aux débauches effrénées, banquets en l’honneur de Bacchus, à la suite desquels on se livrait à toutes sortes d’impudicités. La Vulg. traduit le dernier membre : Remplissant les nuits de folie.
  6. 25. Sur ce verset et le suivant comp. Rom, i, 29 sv. ; Gal. v, 19-21 ; II Cor. xii, 20 ; I Tim. i, 9 sv.