Page:La Société nouvelle, année 8, tome 1, 1892.djvu/395

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« C’est singulier, Zarathustra connaît peu les femmes, et pourtant il a raison ! Cela vient-il de ce que rien n’est impossible chez le femme ?

« Et maintenant prends en remercîment une petite vérité ! Je suis assez vieille pour elle !-

« Enveloppe-la et tiens-lui la bouche : sinon elle crière au plus haut, cette petite vérité. s

« Donne-moi, femme, ta petite vérité ! » dls«je. Et ainsi parle la petite vieille :

« Tu vas chez des femmes ? N’oublie pas le fouet ! »

Ainsi parla Zarathustra.

DES SAVANTS

Pendant mon sommeil, un mouton broute à la couronne de lierre de ma tête, — brouta et dit en même temps : à Zarathustra n’est plus un savant ».

Il dit et s’en alla, suffisant et fier. Un enfant me le raconte.

Volontiers je m’étends ici, où jouent les enfants, près de le muraille ruinée, parmi les chardons et les rouges pavots.

Je suis encore un savant pour les enfants, et aussi pour les chardons et les rouges pavots. Innocents sont-ils, même dans leur méchanceté.

Mais pour les moutons je ne le suis plus : ainsi le veut mon sort ; — béni soit-il !

Car ceci est le vérité : Je suis sorti hors de la maison des savants et fai en outre, jeté la porte derrière moi.

Trop longtemps mon âme resta affarnée å leur table ; je ne suis point, comme eux, dressé à la connaissance ainsi qu’on croque des noix.

J’aime la liberté et l’air sur de la terre fraîche ; je préfère dormir sur des peaux de bœufs que sur leurs dignités et leurs respects.

Je suis trop ardent et consumé de mes propres pensées : souvent le souffle me manque. Alors il me faut aller au grand air et hors de toutes les chambres poussiéreuses.

Mais eux sont assis au frais, dans l’ombre fraiche : ils veulent, en toutes choses, n’être que des spectateurs et ils n’ont garde de s’asseoir là où le soleil darde sur les marches.

Semblables à ceux qui stationnent dans la rue et baient aux gens qui passent : ainsi ils attendent aussi et baient aux pensées que d’autres ont pensées.

Les prend-on en main, ils poudroient autour d’eux, comme des sacs de farine et involontairement ; mais qui se douterait que leur poussière est issue du grain et du charme flave des champs d’été ?