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LES ANDROGYNES

seuse et l’harmonie de ses attitudes. Puis, des rires coururent, au souvenir de l’article du matin, de l’ironie terrible de ses épithètes.

Ninoche reparut en scarabée d’émeraude avec des antennes d’or. Elle caressa une corolle imaginaire, s’endormit dans la fleur, puis se mua en papillon de pourpre, en libellule d’acier, en phalène fantastique. Après avoir battu des ailes sur les tentures noires, elle parcourut la scène dans l’ivresse d’une épouvante croissante et disparut dans les frises.

Enfin, dernière métamorphose, elle revint dans une tunique blanche, pieds et poings liés, se livrer au bûcher. Admirablement simulé, l’incendie s’alluma dans une fumée épaisse. Des langues bleuâtres frôlèrent les genoux, les flancs, la poitrine, la face de la martyre. Échevelées, les flammes coururent sur ses épaules, lui firent une auréole de gloire, et, en chimères, en dragons courroucés, se dressèrent jusqu’au ciel. Ninoche, la face douloureuse, se tordait sous les morsures, et ses mouvements fébriles activaient la fureur des monstres.