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Page:La Vaudère - Les Androgynes, 1903.djvu/230

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LES ANDROGYNES

tandis qu’André poussait un cri de rage.

Et d’autres hallucinations, après un moment d’angoisse, peuplaient son demi-sommeil.

De temps à autre, il sortait de ses cauchemars, anéanti, brisé, la pensée chavirée dans l’épouvante, et il entendait, au-dessus du bruit des chambres mal closes, le choc sourd, régulier et fiévreux des artères qui lui battaient follement sous la peau du cou.

— André, je t’assure que cette perruque rousse t’ira à ravir et que cette ceinture de péridots, à scarabée d’émail, s’agrafera sans peine à tes reins. Tu nous chanteras d’une voix douce les mélopées d’amour que je t’ai enseignées. Veux-tu ?…

— Laisse-le donc ; ne vois-tu pas qu’il est ivre à ne pouvoir nous entendre ?…

— Alors, passons-lui nous-mêmes ces voiles lamés d’or.

Jacques prit André dans ses bras, et le disciple, continuant son rêve, se laissa dévêtir sans résistance. Il entendait confusément, sous les pluies de fleurs qui le submergeaient, les plaintes légères des flûtes