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LES ANDROGYNES

l’air, et, chaque jour, recommençant l’exercice, poussait davantage, faisant craquer les os, jusqu’à la ligne droite, jusqu’à la dislocation complète.

Dans certains établissements suburbains on faisait cercle autour d’eux pour les voir se trémousser à la lueur des quinquets. Charles n’avait pas son pareil pour le grand écart. Il se relevait d’un seul coup, avec une souplesse de clown, et son imagination perverse lui suggérait des figures nouvelles que ses rivaux s’empressaient de copier.

Lucienne s’agitait auprès de Zélie, l’enlaçait, tourbillonnait avec elle, plus lascive, plus impudique, plus endiablée, et leurs robes écarlates faisaient comme des taches de sang dans l’air épaissi des bouges.

Délaissant le saladier de vin bleu et le punch aux flammes serpentines, les buveurs applaudissaient, réclamaient des danses plus véhémentes.

Et c’étaient ces poses de possédées d’amour que Zélie essayait devant André, moins pour le conquérir que pour le dis-