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Page:La Vie Ouvrière, année 1, 5 octobre — 20 décembre 1909.djvu/14

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La lutte est plus aisée lorsqu’elle s’exerce contre un patronat viril, fort des réussites accumulées ; elle est rude et aléatoire lorsque la classe ouvrière n’a devant elle que des exploiteurs appauvris par les procédés routiniers et surannés.

Sur le terrain ouvrier, nous resterons ce que nous étions il y a dix ans : attachés à l’autonomie du mouvement syndical, adversaires de la corruption gouvernementale, méfiants à l’égard des sourires qui veulent séduire. Pourquoi changerions-nous ? Qu’ont donné à la classe ouvrière les pratiques millerandistes ? Où sont les progrès annoncés et les réformes promises ? Que valent dans leur application les lois votées ? Le peu d’intérêt qu’elles présentent compense-t-il les trahisons et les assassinats ? Le Conseil supérieur du travail ? qui donc se souvient qu’il fonctionne quelque part ; les conseils du travail ? Le Conseil d’Etat a consacré leur inutilité déjà affirmée par les syndicats indépendants ; la représentation des ouvriers dans les conseils d’administration des sociétés anonymes ? projet ridicule et enfantin.

Que reste-t-il du millerandisme ? des volte-faces de militants, des reniements, des trahisons, des lâchetés ; des hommes hier militants, aujourd’hui fonctionnaires ; natures indépendantes hier, consciences asservies aujourd’hui.

Au bout de telles pratiques, M. Millerand, c’est le découragement, la méfiance, le scepticisme, l’indifférence et l’insouciance. Quel spectacle moralisateur que l’ascension d’un homme au prix d’une trahison ! Quel exemple pour le travailleur consciencieux et droit d’assister aux variations les plus stupéfiantes ! Vous voulez un pays prospère, actif, entreprenant ! Pour cela, il faut des hommes forts, obstinés. Vous voulez néanmoins une classe ouvrière diminuée, lassée, n’ayant