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Page:La Vie Ouvrière, année 1, 5 octobre — 20 décembre 1909.djvu/19

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une vaste lagune longue de 25 kilomètres, fort profonde, bien abritée, et qui pourrait devenir une des meilleures rades de la Méditerranée.

Tout près de là, dans les montagnes du Gourougou, ils mettaient à jour des gisements de fer et de plomb fort riches ; ces gisements étaient facilement exploitables ; ils se trouvaient à peu de distance du port espagnol de Melilla ; un petit chemin de fer de quelques lieues suffirait pour y amener les minerais, que l’on vendrait ensuite fort cher aux métallurgistes allemands et anglais.

Une Société se forma bientôt pour exploiter l’affaire. Une banque s’y intéressa : de gros capitalistes comme le prince de Wagram y apportèrent leur argent et leur nom, et un politicien réputé, « manager » désigné de toutes les entreprises coloniales, M. Etienne, la prit sous son patronage.

À cela, il n’y a rien à dire ; il s’agissait d’une entreprise purement privée, et certes, des particuliers sont bien libres de risquer leurs capitaux comme : il leur plaît.

Mais voici que la politique intervient. Un syndicat financier français avait décidé de mettre la main sur les richesses du Maroc ; mais un syndicat espagnol avait décidé exactement la même chose, et un syndicat anglais aussi. Or, quand des syndicats de ce genre sont en lutte les uns contre les autres en pays étranger, ils ont l’habitude de recourir à la diplomatie.

Quant ils lancent leurs entreprises, ils n’ont point coutume de demander l’avis des pouvoirs publics. Il est bien évident par exemple que le syndicat de la rue Le Peletier, quand il décida de mettre la main sur les mines du Riff, ne songea jamais à demander au préalable l’autorisation du gouvernement et de la Chambre. Mais du moment où leur affaire tourne mal ou rencontre des obstacles, aussitôt ils s’empres-