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Page:La Vie Ouvrière, année 1, 5 octobre — 20 décembre 1909.djvu/21

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On loua un bureau dans une des plus belles rues de Madrid ; on passa un acte de constitution de société par devant un notaire de la même ville. On mit à la tête un senor caballero quelconque avec le titre de Président du Conseil d’administration. Mais comme les capitalistes français détenaient la majorité des actions, c’est eux qui nommaient ce Conseil et étaient par conséquent les vrais maîtres de l’entreprise. Ainsi fut créée la Compagnie « espagnole » ( ?) Norte-Africa.

On se mit bientôt à l’œuvre : il se trouva que le gisement de fer était beaucoup plus riche qu’on ne pensait ; il n’était pas loin de la mer, donc facile à exploiter. On établit un chemin de fer de la mine au port de Melilla, et les capitalistes français purent bientôt espérer de bons dividendes.

Ce que voyant, les Espagnols se piquèrent au jeu. N’était-il pas honteux pour eux de laisser des étrangers tirer seuls parti des richesses d’un sol qui leur appartenait en vertu des traités. On découvrit dans le voisinage, sur le territoire des Beni-Ifrour, un gisement de plomb. Un grand seigneur très riche, le duc de Romanones, député, ancien ministre des affaires étrangères, associé à son frère le duc de Tovar et à plusieurs autres influents personnages fonda un groupe et constitua une autre Société, vraiment espagnole, celle-là…

Cependant les Marocains ne voyaient pas d’un bon œil l’installation de tous ces étrangers sur leur territoire. Ils savent, par l’expérience de l’Algérie, que tous ces Roumis qui se présentent d’abord modestement comme des marchands ou des ingénieurs, accaparent bientôt toutes les bornes terres, prennent ce qui est à leur convenance, traitent l’indigène avec mépris, et, à la moindre rébellion, font intervenir le canon.

Pour-pouvoir exploiter sa mine, le syndicat Etienne