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GEORGE SAND.

pour m’en plaindre ; bien au contraire. On voit, par les noms que je viens de citer, que les directeurs de cette entreprise littéraire ont souci de choisir des critiques préparés à leur tâche par leurs goûts, leurs travaux ou la nature de leur esprit.

S’ils ont demandé à M. Caro une étude sur George Sand, ce n’est pas sans raison. Le philosophe spiritualiste était attaché à la mémoire de madame Sand, comme à la muse de sa jeunesse. Le seul nom de l’auteur d’Indiana résumait pour lui des journées de rêverie délicieuses et de discussions ardentes. « Ce nom, nous dit-il, représente tant de passions généreuses, tant d’aspirations confuses, de témérités de pensée, de découragements profonds, d’espérances surhumaines mêlées à l’élégante torture du doute !… » En ranimant ses souvenirs, il se remet sous le charme, et son livre est un hommage au beau génie de madame Sand. Il est vrai que l’auteur de l’Idée de Dieu n’avait pas sur la famille et la société les idées de l’auteur de Lélia ; mais les idées sont peu de chose chez madame Sand ; le sentiment, au contraire, est tout et l’on peut l’admirer, sans penser comme elle, à la condition de sentir comme elle.

L’âme de cette femme admirable se répand aisément dans ses livres

…… Comme ces eaux si pures et si belles
Qui coulent sans effort des sources naturelles.

Ne lui demandez pas ce qu’elle pense : la pensée