Page:La Vie littéraire, II.djvu/178

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venir lui est cher, ces femmes qui, par le sel de leur intelligence et le parfum de leur tendresse, donnèrent à la vie un goût fin qu’on n’y sentait point avant elles ; ces belles bourgeoises, ces aristocrates polies qui, nourries dans la douceur du luxe, de l’amour et des arts, affrontèrent les prisons et les échafauds de la Terreur sans rien perdre de leur fierté ni de leur grâce ; ces héroïnes pleines de courage et de faiblesses, qui furent d’incomparables amies. Comme M. Bardoux les connaît et les comprend ! il les admire ; il fait mieux ; il les aime. C’est pour être aimées qu’elles furent belles. Il a surpris, il nous a révélé tous les secrets de cette Pauline de Beaumont qui avait l’âme d’un philosophe et le cœur d’une amoureuse. Il a fait tout un volume de l’histoire intime de cette amie de Chateaubriand. Et voici maintenant qu’il étudie Delphine de Sabran, veuve en 1793 du jeune Custine, un héros et un sage de vingt-six ans, condamné à mort par un des jugements les plus iniques du tribunal révolutionnaire. Comme Pauline de Beaumont, Delphine de Custine se reprit à vivre dans les incomparables années du consulat avec la France guérie et victorieuse. Elle était alors dans tout l’éclat de sa blonde jeunesse. Elle aima, et celui qu’elle aima, c’est l’homme, que dis-je ! c’est le dieu qu’adorait Pauline de Beaumont, c’est encore cet immortel René. M. Bardoux, qui publie son nouveau travail dans la Revue des Deux Mondes, n’en a encore donné que la première partie, laquelle ne dépasse pas l’année 1794 ; mais il a résumé par avance, en quelques