Page:La Vie littéraire, II.djvu/341

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Elle réussit à l’enterrer aux côtés de la mère. C’était presque impossible. Mais que ne peuvent le courage, et l’amour ? J’ai cité deux passages de ce livre pour me dispenser de vanter un vieil ami. On jugera que ces citations portent leurs louanges en elles-mêmes.

M. Fernand Calmettes a, pour nous représenter ces pêcheurs, l’oeil d’un peintre et l’âme d’un poète, aussi a-t-il exprimé les formes et les âmes. Une seule faculté des marins n’est pas exactement rendue dans son livre, la faculté religieuse. On, n’y rencontre le culte catholique sous aucune forme précise et, chose étrange, le nom de Dieu n’y est même pas prononcé.

J’ai demandé les raisons de cette singularité et je les ai apprises ; elles sont trop intéressantes pour que je ne les révèle pas ici. C’est l’éditeur du livre, c’est le libraire qui n’a point souffert que le nom de Dieu figurât une seule fois dans le texte, donnant pour motif qu’il publiait des livres destinés à être donnés en prix dans les écoles.

Les idées philosophiques et religieuses de cette maison de librairie, fort honorable d’ailleurs, importeraient peu, mais elle est patronnée par certains hommes politiques qui répudieraient ses livres s’il y était fait allusion à un culte, à un idéal religieux quelconque. Voilà où nous en sommes ! Voilà la largeur d’idées, l’ouverture d’esprit de nos radicaux. Voilà comment ils entendent la tolérance, la liberté intellectuelle, le respect des consciences. Voilà les inspirations libérales de l’Hôtel de Ville ! Je ne suis pas suspect de trop de foi, et ceux qui me font l’honneur de me lire savent que je ne défends ici que la liberté