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Page:La Vieuville - Essai de psychologie japonaise, 1908.djvu/58

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religieux ni moraux. Leur cosmogonie n’a rien de particulièrement remarquable, mais il serait intéressant de rapprocher plusieurs de leurs mythes de ceux de l’Inde et de la Grèce auxquels ils font penser. La délicatesse et la décence ne sont pas ce qui les caractérisent ; les notions sont crues, les mots ne cherchent pas à les voiler ; en outre, c’est confus et sans grandeur. Il est curieux de retrouver au Japon le mythe d’Orphée descendant aux enfers pour chercher sa femme morte. Dans le Kojiki, c’est un dieu qui descend dans le royaume de Yomi (par parenthèse aux Indes le dieu des morts s’appelle Yama, ce qui est philologiquement la même chose) et là aussi il la perd pour avoir désobéi à la défense de la regarder. Mais le mythe japonais plus explicite, hélas, que le mythe grec, nous développe avec d’horribles détails le comment et le pourquoi. Izanagi — Orphée, aperçoit sa femme et sœur Izanami — Eurydice, en proie à la décomposition du tombeau la plus réaliste et doit se sauver devant la morte furieuse d’avoir été vue couverte de vers. Ce n’est pas ici le lieu de discourir sur les mythes, mais on pourrait se demander si ce n’est pas là la forme la plus ancienne de la réponse donnée par le tombeau à la curiosité des hommes inquiets de l’au-delà. En dehors de cette