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Page:La Vieuville - Essai de psychologie japonaise, 1908.djvu/72

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aux Chinois, et d’autre part ils n’ont pas ajouté de commentaires originaux de valeur à la masse de ceux que leurs voisins ont produits. Malgré cela ils ont été formés à la civilisation par les doctrines confucianistes et bouddhistes, c’est certain, et ils en ont retenu beaucoup de choses qui apparemment convenaient à leur tempérament.

La partie de la philosophie qui spécule sur l’inconnu — que Herbert Spencer appelle l’Inconnaissable et dont il parle doctement — n’est point du goût des Japonais. Ils ne sont pas métaphysiciens, les problèmes abstraits ne retiennent pas leur attention ; l’insondable mystère ne leur donne pas le vertige et ne les force pas de se pencher sur l’abîme au risque de s’y perdre. Le bouddhisme du Mahâyâna leur offrait des ressources presque infinies en ce genre ; sa métaphysique est peut-être la plus chevelue qui soit, et une merveilleuse école de toutes les choses que l’on peut savoir — et surtout de toutes les autres. Les Japonais ne manquent pas de relire d’un chant très nasillard les sutras les plus vertigineux dans leurs temples, mais ils ne s’attachent que modérément à les comprendre et pas du tout à en écrire d’autres.

Le mysticisme et son corollaire l’ascétisme sans être populaires ont cependant leur place dans un