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Page:La Ville de Mirmont - Les Pétrels, conte paru dans La Pette Gironde, 26 sept 1940.djvu/5

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Mais les pétrels, qui savent combien la nuit leur est plus profonde qu’aux autres oiseaux, sentirent en eux une grande tristesse. L’un d’eux se leva, dressant le cou, et poussa une plainte brève. Les autres, au signal, battirent silencieusement des ailes, sans quitter le sol, comme pour écarter l’ombre. C’était une ancienne coutume qui leur restait des âges superstitieux, presqu’une religion à laquelle ils ne croyaient plus. Ce rite accompli, les pétrels auraient dû songer, ainsi que chaque soir, à s’endormir sur une patte, oublieux du jour fini, certains d’un lendemain identique. Aucun, même parmi les plus âgés, ne donna l’exemple de la sagesse. Ils ne surent pas détourner leurs regards du soleil, qui s’attardait indéfiniment à tous les détails du cérémonial prescrit à son coucher.