Page:La Vrille - Le journal d’une masseuse, 1906.djvu/25

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
17
LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

venir de famille ; c’est un petit cousin à mon défunt grand’père qui la escultée du temps du maréchal Brune, en nonante huit.

— Eh bien, pour un souvenir, vous en faites grand cas, au grenier. Voyons, je payerai bien. Et puis, si vous ne me la vendez pas, je la volerai, na !

— Oh, tant qu’à ça, on est ben tranquille.

— Ne vous y fiez pas trop, m’man Vaudroz.

Elle rit comme une vieille baleine, à cette idée que j’emporterai sa table.

— Est-ce que vous avez vu, dains le tiroî…

— Quoi donc, m’man Vaudroz ?

— Un paquet de paperasseries que j’y ai fourré à l’autre année.

— Mais oui, le voilà ; justement, je voulais vous demander…

— Paraît que c’est un journâl, comme qui dirait ça qu’on écrirait tous les jours de sa vie jusqu’à la mort.

— Oui, un journal, des mémoires.

— Justement ; c’est eune dame, eune dame ben geintille, ben aimâble et ben douce qui l’a laissé. Alle est morte, la pauvre.