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LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

Et pourtant, cette situation ne peut durer ; il faut que cela finisse, il faut que je sache ce qu’il me veut, ce sale grand-duc.

La femme de chambre favorite de la duchesse est une grande Alsacienne, pas jolie, mais agréable et de bon caractère. Elle se nomme Lina. Depuis plusieurs jours, nous sommes amies et vraiment, je regrette de ne l’avoir pas appréciée plus tôt.

Mais voilà ! Je suis un peu timide et je n’ose faire des avances. C’est pour cela qu’on croit que je suis fière. Et cependant, je suis si heureuse de rencontrer un cœur ami.

Nous avons lié connaissance d’une drôle de façon. Dès mon arrivée, je voyais assez souvent Lina chez la duchesse, mais jamais je ne lui avais parlé. Elle-même semblait ne faire aucune attention à moi et ne m’adressait pas la parole. Cependant, j’éprouvais pour elle une vive sympathie ; elle paraissait si dévouée à la duchesse, elle se mettait en quatre pour lui éviter tout effort superflu ; elle était auprès d’elle mieux qu’une domestique, mieux qu’une garde-malade, presque une amie. Et je voyais bien que ma maîtresse aimait Lina et n’aurait