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Page:La chanson de Roland - traduction 1911.djvu/100

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CLXXIX

Le comte Roland est étendu sous un pin,
Il a tourné son visage du côté de l’Espagne.
Plusieurs souvenirs lui reviennent à l’esprit :
Les nombreuses terres qu’il a conquises,
La douce France, les hommes de son lignage,
Charlemagne, son seigneur, qui l’a nourri.
Il ne peut faire autrement que pleurer et soupirer.
Mais il ne veut pas s’oublier lui-même.
Il bat sa coulpe et demande le pardon de Dieu
« Ô vrai père, qui ne mentis jamais.
Qui ressuscitas saint Lazare d’entre les morts,
Et préservas Daniel des lions.
Garde mon âme de tous les périls
Pour les péchés que j’ai commis dans ma vie ! »
Il a tendu vers Dieu le gant de sa main droite.
Saint Gabriel l’a reçu de sa main.
Alors sa tête s’incline sur son bras,
Et, les mains jointes, il s’en est allé à sa fin.
Dieu lui envoie un de ses chérubins,
Saint Raphaël, et saint Michel du Péril,
Saint Gabriel vint aussi avec eux.
Ils emportent au Paradis l’âme du comte.