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Page:La chanson de Roland - traduction 1911.djvu/99

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 « Oh ! Durandal ! comme tu es belle et sainte !
Dans ton pommeau se trouvent bien des reliques :
Une dent de saint Pierre et du sang de saint Basile
Et des cheveux de monseigneur saint Denis,
Du vêtement de la Vierge Marie !
Il n’est pas juste que les païens te possèdent,
Par des chrétiens tu dois être servie.
Par toi j’ai conquis beaucoup de terres immenses,
Fiefs de Charles à la barbe fleurie,
Qui le rendent puissant et riche.
Fasse le ciel qu’un lâche ne te possède pas ! »


CLXXVII

Roland sent que la mort s’empare de lui,
Et lui descend de la tête à son cœur.
Il court se jeter sous un pin ;
D se couche, face contre terre, sur l’herbe verte.
Il met sous lui son épée et son olifant,
Tourne sa tête du côté de la gent païenne.
Il a fait ce geste parce qu’il veut clairement
Que Charles et que tous ses compagnons disent
Que le noble comte est mort en conquérant.
Il accuse ses fautes, souvent et sans relâche,
Et tend à Dieu son gant, pour ses péchés.


CLXXVIII

Roland sent qu’il n’a plus de temps à vivre ;
Il est couché, du côté de l’Espagne, sur un pic aigu ;
D’une main, il bat sa poitrine :
« Mon Dieu ! mea culpa, par ta vertu
Efface les péchés, petits et grands,
Que j’ai commis dès l’heure où je suis né
Jusqu’à ce jour où je suis ainsi frappé. »
Il tend à Dieu le gant de sa main droite ;
Les anges du ciel descendent vers lui.