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Page:La chanson de Roland - traduction 1911.djvu/101

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LA VENGEANCE

CLXXX

Roland est mort. Dieu en a l’âme aux cieux.
Mais l’Empereur arrive à Roncevaux.
Pas de piste, pas de sentier,
Pas d’espace, pas une aune, pas un pied de terre
Que ne couvre de son corps Français ou païen.
Charles s’écrie : « Où êtes-vous, beau neveu ?
Où est l’archevêque et le comte Olivier ?
Où est Gérin, et son ami Gérier ?
Où sont Othon, le comte Bérenger,
Ive et Ivoire que j’aimais si tendrement ?
Qu’est devenu le Gascon Engelier,
Le duc Samson, et le fier Anséis ?
Où est le vieux Gérard de Roussillon ?
Où sont les douze Pairs que j’avais laissés ? »
Mais à quoi bon ? nul ne saurait répondre.
« Dieu ! dit le Roi, j’ai bien raison de m’affliger
De ne pas être survenu au début de cette bataille. »
Il tire sa barbe, comme un homme en colère,
Pleure, et ses chevaliers l’imitent ;
Vingt mille hommes tombent à terre, évanouis :
Le duc Naimes en éprouve une extrême pitié.


CLXXXI

Pas un seul chevalier, pas un seul baron
Qui ne pleure à chaudes larmes, de pitié.
Ils pleurent leurs fils, leurs frères, leurs neveux,