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Page:La chanson de Roland - traduction 1911.djvu/109

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CXCV

Le jour est clair, et le soleil luisant ;
L’Émir est descendu du chaland,
Espanelis marche à sa droite,
Dix-sept rois composent sa suite ;
Et il y a je ne sais combien de comtes et de ducs.
Sous un laurier qui est au milieu d’un champ.
Sur l’herbe verte on jette un tapis blanc,
Et l’on dispose un fauteuil d’ivoire.
Le païen Balisant s’assied dessus,
Et tous les autres restent debout.
Leur chef prend la parole le premier.
« Écoutez, francs et braves chevaliers,
Charles le Roi, l’Empereur des Français,
Ne doit pas manger, si je ne le lui commande.
À travers toute l’Espagne, il m’a fait une terrible guerre,
Je veux aller le chercher dans la douce France ;
Je n’aurai de cesse, dans toute ma vie,
Qu’il ne soit mort ou rendu tout vivant. »
Et il frappe de son gant droit sur son genou.


CXCVI

Après qu’il l’a dit, il s’y obstine ;
Il ne manquera pas, pour tout l’or qui est sous le ciel.
D’aller à Aix où Charles a l’habitude de rendre la justice.
Ses peuples le louent, et lui donnent ce conseil.
Ensuite, il appelle deux de ses chevaliers.
L’un Clarifan, et l’autre Clarien :
« Vous êtes fils du roi Maltaïen
Qui, d’habitude, faisait volontiers mes messages.
Je vous ordonne de vous rendre à Saragosse,
Et d’annoncer de ma part à Marsile
Que je suis venu le secourir contre les Français.
Si je les rencontre, il y aura une très grande bataille.
Remettez-lui ce gant brodé d’or,