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Page:La chanson de Roland - traduction 1911.djvu/110

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Faites-le-lui passer au poing droit,
Portez-lui ce bâton d’or pur,
Et qu’il vienne me faire hommage pour son fief.
Après, j’irai guerroyer en France contre Charles,
Et, s’il ne se couche à mes pieds pour me demander merci,
S’il ne renie pas la foi chrétienne,
Je lui retirerai la couronne de la tête. »
Les païens répondent : « Sire, vous parlez très bien. »


CXCVII

Baligant dit : « Donc, barons, à cheval !
L’un portera le gant, l’autre le bâton. »
Et eux de répondre : « Nous ferons ainsi, cher seigneur. »
Ils chevauchèrent tant qu’ils arrivent à Saragosse ;
Ils passent dix portes, traversent quatre ponts,
Toutes les rues où les bourgeois habitent.
En approchant du haut de la ville.
Ils entendent un grand murmure dans le palais ;
Il y a là beaucoup de païens
Qui pleurent, qui crient par grande affliction.
Qui se plaignent de leurs dieux Tervagant et Mahomet
Et d’Apollon, dont ils n’ont aucun secours.
Ils se disent les uns aux autres : « Malheureux ! qu’allons-nous devenir ?
Le malheur est tombé sur nous.
Nous avons perdu le Roi Marsile,
Roland lui trancha hier le poing droit ;
Jurfalen le Blond est mort,
Toute l’Espagne va maintenant tomber en leur pouvoir. »
Les deux messagers descendent au perron.


CXCVIII

Ils laissent leurs chevaux sous un olivier :
Deux Sarrasins les prirent par les rênes.
Puis, tous les deux, se tenant par leurs manteaux,
Montent jusqu’au faîte du palais.
En entrant dans la chambre voûtée,