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Page:La chanson de Roland - traduction 1911.djvu/111

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Ils font un salut plein d’amour :
« Qu’Apollon qui nous tient en son pouvoir,
Que Tervagant et que Mahomet, notre sire.
Sauvent le Roi et protègent la Reine. »
Bramimonde dit : « Voilà une grande sottise,
Ces dieux-là ne sont bons à rien.
Ils ont fait à Roncevaux du mauvais travail.
Ils ont laissé tuer nos chevaliers
Et ont abandonné, dans la bataille, mon propre seigneur.
Il a perdu le poing droit, il n’en a plus trace ;
C’est Roland, le puissant comte, qui le lui trancha.
Charles aura l’Espagne entière en sa puissance.
Ah ! malheureuse et misérable ! que vais-je devenir ?
Que n’ai-je un homme qui consente à me tuer ? »


CXCIX

Clarien dit : « Madame, trêve aux discours.
Nous sommes les envoyés du païen Baligant.
C’est lui, il l’assure, qui préservera Marsile.
Il lui envoie son bâton et son gant.
Nous avons, sur l’Ebre, quatre mille chalands,
Esquifs et barques, et galères rapides.
Je ne sais vous dire combien il y a de chalands.
L’Émir est riche et puissant.
Il ira chercher Charlemagne en France ;
Il compte le prendre mort ou à merci. »
Bramimonde dit : « Ceci finira mal ;
Vous pouvez trouver les Français plus près d’ici :
Voilà déjà sept ans qu’ils sont dans ce pays.
L’Empereur est un vaillant, un vrai soldat,
Il préfère la mort à la fuite,
Il n’est roi sous le ciel dont il fasse plus de cas que d’un enfant.
Charles ne craint homme qui vive. »


CC

« Laissez tout cela, dit le Roi Marsile.
Seigneurs, c’est à moi qu’il faut vous adresser ;