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Page:La chanson de Roland - traduction 1911.djvu/129

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 « Qui veut être protégé par nos dieux,
Les prie et les honore en fléchissant les genoux. »
Les païens baissent leurs têtes et leurs mentons,
Et tiennent inclinés leurs heaumes clairs.
Les Français disent : « Misérables, vous allez mourir sur l’heure.
Vous serez aujourd’hui terriblement confondus.
Que notre Dieu garantisse Charlemagne,
Et que cette bataille soit gagnée en son nom. »


CCXXXIX

L’Émir est homme de grand savoir.
Il appelle auprès de lui son fils et les deux rois :
« Seigneurs barons, vous chevaucherez en avant
Et vous conduirez toutes mes colonnes.
Je veux en garder trois des meilleures,
L’une sera de Turcs, l’autre d’Ormalois,
Et la troisième des géants de Malprouse.
Ceux d’Occiant resteront avec moi.
Ils lutteront contre Charles et les Français.
Si l’Empereur combat avec moi
Il aura la tête séparée du buste,
Qu’il en soit tout à fait assuré, il n’aura rien autre chose à gagner.


CCXL

Les armées sont nombreuses ; leurs colonnes sont belles ;
Il n’y a entre elles ni colline, ni val, ni tertre,
Ni forêt, ni bois, aucun refuge où se cacher.
Les deux armées se voient sans obstacle à découvert.
Baligant dit : « O mon armée païenne,
Chevauchez pour engager la bataille. »
Amboire d’Oliferne porte leur enseigne ;
Les païens crient ; ils appellent : « Précieuse ! »
Les Français disent : « Que ce jour voie votre perte ! »
Ils répètent à haute voix : « Montjoie ! »
L’Empereur fait sonner ses clairons
Et l’olifant, au son plus clair que tous les autres.