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Page:La chanson de Roland - traduction 1911.djvu/131

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 « Barons français, vous êtes de bons serviteurs,
Combien avez-vous livré de batailles rangées !
Vous voyez les païens : ce sont des félons et des couards ;
Toute leur loi ne vaut pas un denier.
Ils sont nombreux, seigneurs ; que nous importe ?
Qui veut marcher n’a qu’à venir avec moi. »
Alors, il pique son cheval des éperons,
Et Tencendur fait quatre sauts.
Les Français disent : « Ce Roi est brave !
Chevauchez, Sire, personne ne vous fait défaut. »


CCXLIII

Le jour est clair et le soleil luisant,
Les armées sont belles et leurs bataillons immenses,
Les colonnes d’avant-garde sont aux prises.
Le comte Rabel et le comte Guinemant
Lâchent les rênes de leurs rapides destriers,
Ils éperonnent en hâte ; les Français prennent le galop
Et vont frapper de leurs épieux tranchants.


CCXLIV

Le comte Rabel est un hardi chevalier.
Il pique son cheval de ses éperons d’or pur
Et va frapper Torleu, le roi de Perse.
Écu ni broigne ne peuvent supporter un tel choc ;
Il lui a plongé dans le corps son épieu d’or,
Si bien qu’il l’abat mort sur un buisson fleuri.
Les Français disent : « Le Seigneur Dieu nous aide !
Charles a le bon droit, nous ne lui ferons pas défaut, »


CCXLV

Guinemant lutte avec le roi des Leutis.
Il lui rompt son bouclier orné de fleurs peintes
Et ensuite lui brise sa cuirasse ;
Il lui plonge dans le corps tout son gonfanon,