Aller au contenu

Page:La chanson de Roland - traduction 1911.djvu/133

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CCXLVIII

L’Émir appelle les siens :
« Frappez, païens, vous n’êtes ici que poui’cela.
Je vous donnerai des femmes nobles et belles,
Je vous donnerai des biens, des fiefs, des terres. »
Les païens répondent : « Oui ! c’est notre devoir 1 »
En donnant de rudes coups, ils perdent leurs lances ;
Alors ils ont tiré plus de cent mille épées.
Voici que la lutte est douloureuse et horrible ;
Ceux qui furent là virent une vraie bataille.


CCXLIX

L’Empereur appelle ses Français :
« Seigneurs barons, je vous aime, et crois en vous :
Vous avez livré pour moi tant de batailles,
Conquis tant de royaumes, détrôné tant de rois !
Je reconnais vous en devoir un salaire :
Terres, fortune et ma personne même sont à vous.
Vengez vos fils, vos frères et vos héritiers
Qui furent tués, l’autre soir, à Roncevaux !
Vous savez que j’ai le bon droit contre les païens. »
Les Français répondent : « Sire, vous dites vrai. »
Charles en a vingt mille avec lui
Qui, d’une commune voix, lui engagent leur foi
De ne lui manquer ni par mort, ni par détresse.
Tous se mettent alors à jouer de la lance
Et frappent sans tarder de l’épée.
La bataille est pleine d’une affreuse angoisse.


CCL

Le brave Malprime chevauche parmi la mêlée,
Faisant un grand carnage de Français.
Mais le duc Naimes le regarde fièrement
Et va le frapper, en homme de cœur.