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Page:La chanson de Roland - traduction 1911.djvu/134

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Il lui brise le faite de son écu,
Lui dégarnit les deux pans brodés de son haubert,
Lui plonge dans le corps son gonfanon jaune tout entier,
Si bien qu’il l’abat mort entre sept cents des autres.


CCLI

Le roi Canabeu, le frère de l’Émir,
Pique alors son cheval des éperons,
Tire son épée dont le pommeau est de cristal,
Et frappe Naimes sur le sommet du heaume.
Il en fracasse la moitié,
Tranche, avec sa lame d’acier, cinq des lacets.
Le capuchon ne vaut pas un denier,
Il fend la coiffe jusqu’à la chair
Et en fait tomber à terre un lambeau.
Le coup fut rude, Naimes en fut comme foudroyé ;
Il fût tombé si Dieu ne lui eût porté aide.
Il s’accroche au cou de son destrier ;
Si le païen redouble son coup,
Le noble vassal est mort.
Charles de France arrive à son secours.


CCLII

Le duc Naimes est dans une grande angoisse.
Et le païen se hâte de porter un nouveau coup.
Charles lui dit : « Traître, ce coup te portera malheur ! »
Il va le frapper avec un grand courage,
Lui brise son écu, le lui fracasse contre son cœur.
Lui rompt la ventaille du haubert,
Si bien qu’il l’abat mort et que la selle reste vide.


CCLIII

Le Roi Charlemagne éprouve une grande douleur
Quand il voit le duc Naimes blessé devant lui
Et le sang clair tomber sur l’herbe verte.