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Page:La chanson de Roland - traduction 1911.djvu/135

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L’Empereur lui donne un conseil :
« Beau sire Naimes, chevauchez avec moi ;
Le misérable qui vous tenait en détresse est mort,
Je lui ai mis mon épieu dans le corps. »
Le duc répond : « Sire, je vous crois ;
Si je vis quelque temps, vous y trouverez grand profit. »
Puis, ils se sont joints par amour et par foi.
Vingt mille Français s’en vont avec eux,
Pas un qui ne frappe et qui ne combatte.


CCLIV

L’Émir chevauche à travers la bataille ;
Il va frapper le comte Guinemant ;
Il lui brise son écu blanc contre le cœur,
Lui met en pièces les pans de son haubert.
Lui détache les deux côtés des flancs,
Si bien qu’il l’abat mort de son cheval rapide.
Puis il a tué Gébouin et Laurent,
Le vieux Richard, le seigneur des Normands.
Les païens s’écrient : « Précieuse est vaillante !
Frappez, païens, nous avons un défenseur. »


CCLV

Il fait beau voir les chevaliers arabes.
Ceux d’Occiant, d’Argoilles, et de Bascle
Frapper et batailler de leurs épieux.
Mais les Français n’ont aucune envie de s’enfuir.
Il en meurt beaucoup des uns et des autres.
Jusqu’au soir la bataille est très rude :
Les Français y subissent un grand dommage.
Il y aura grand deuil avant qu’ils se séparent.


CCLVI

Français et Arabes frappent rudement,
Le bois et l’acier fourbi des lances se brisent.