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Page:La chanson de Roland - traduction 1911.djvu/137

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Les Turcs, les Enfrons, les Arabes et les Géants ;
Et faites sur-le-champ ce qu’il faut faire. »


CCLVIII

L’Émir a tiré dehors sa barbe
Aussi blanche que la fleur d’aubépine.
Quoi qu’il arrive, il ne veut pas se dissimuler.
Il embouche une éclatante trompette
Et sonne si clair que les païens l’entendent.
Par toute la plaine il rallie ses colonnes.
Ceux d’Occiant braient et hennissent,
Ceux d’Argoilles glapissent comme des chiens ;
Ils attaquent les Français avec une ardeur insensée.
Se jettent au plus épais, rompent et séparent l’armée
Et, du coup, jettent morts sept mille hommes.


CCLIX

Jamais le comte Ogier ne fut un couard.
Jamais meilleur vassal n’endossa le haubert.
Quand il vit les colonnes françaises enfoncées
Il appela Thierry, le duc d’Argonne,
Geoffroy d’Anjou et le comte Joceran,
Et s’adresse fièrement à Charles :
« Vous voyez comme ces païens tuent vos hommes !
À Dieu ne plaise que vous portiez couronne en tête
Si vous ne frappez point pour venger notre honte ! »
Pas un qui réponde un seul mot,
Mais ils piquent en hâte, laissent courir leurs chevaux
Et vont frapper les païens où ils les trouvent.


CCLX

Ils frappent bien, le Roi Charlemagne,
Le duc Naimes et Ogier le Danois,
Et Geoffroy d’Anjou, le porte-étendard.
Mais Monseigneur Ogier le Danois est un grand preux ;