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Page:La chanson de Roland - traduction 1911.djvu/140

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Mais Dieu ne veut pas qu’il meure ou soit vaincu.
Saint Gabriel est retourné vers lui,
Et lui demande : « Ô grand Roi, que fais-tu ? »


CCLXV

Dès qu’il entend la sainte voix de l’ange,
Charles n’a plus peur, il ne craint plus de mourir
La vigueur et la conscience lui reviennent.
Frappant l’Émir de son épée de France,
Il lui brise son heaume tout rayonnant de gemmes
Tranche la tête d’où s’épand la cervelle,
Tout le visage jusqu’à la barbe blanche,
Si bien qu’il l’abat mort sans remède.
Il crie : « Montjoie ! » pour se faire reconnaître
À ces mots, le duc Naimes arrive ;
Il prend Tencendur, et le grand Roi y monte.
Les païens fuient. Dieu ne veut pas qu’ils restent,
Et les Français ont tout ce qu’ils demandent.


CCLXVI

Les païens fuient, selon la volonté du Seigneur.
L’Empereur avec ses Français leur donne la chasse
Le Roi dit : « Seigneurs, vengez vos deuils !
Assouvissez les désirs de vos cœurs.
Hier matin, j’ai vu pleurer vos yeux. »
Les Français répondent : « Sire, cela nous convient ! »
Chacun frappe les plus grands coups qu’il peut.
Bien peu de ceux qui sont là peuvent s’échapper.


CCLXVII

La chaleur est grande et la poussière s’élève.
Les païens s’enfuient, et les Français les serrent de près
La poursuite dure jusqu’à Saragosse.
Au haut de sa tour est montée Bramimonde,
Avec elle sont ses chanoines et ses clercs,