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Page:La chanson de Roland - traduction 1911.djvu/141

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Gens d’une loi mensongère que Dieu n’aima jamais ;
Ils n’ont été ni ordonnés, ni tonsurés.
Quand elle voit les Arabes écrasés,
Elle en vient porter la nouvelle au roi Marsile :
« Ah ! noble roi, voici nos soldats vaincus,
Et l’Émir est mort honteusement. »
Quand Marsile l’entend, il se tourne vers le mur,
Ses yeux pleurent, il courbe la tête.
Et meurt de douleur. Sous le poids des péchés,
Son âme tombe aux mains des démons agiles.


CCLXVIII

Les païens sont morts, quelques-uns sont en fuite,
Et Charles a remporté sa bataille.
Il a renversé la porte de Saragosse,
Car il sait bien que la ville ne sera plus défendue.
Il s’empare de la cité, et son armée y pénètre ;
Par droit de conquête, ils y passent la nuit.
Le Roi à la barbe chenue est plein de fierté.
Bramimonde lui a remis les tours de la ville ;
Il y en a dix grandes, et cinquante petites.
Il travaille bien celui qui a le secours de Dieu !


CCLXIX

Le jour a fui, la nuit s’est assombrie,
La lune est claire, et les astres flamboient.
L’Empereur a conquis Saragosse.
Il fait fouiller la ville à mille Français ;
Ils entrent dans les synagogues et dans les mosquées,
Ayant aux mains des maillets de fer et des cognées.
Ils brisent Mahomet et toutes les idoles :
Ni sortilège, ni mensonge ne subsisteront.
Charles croit en Dieu et veut se consacrer à son service.
Ses évêques bénissent l’eau
Et conduisent les païens au baptistère.
S’il en est un qui contredise Charles,