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Page:La chanson de Roland - traduction 1911.djvu/142

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Il le fait pendre, ou brûler, ou occire.
On en baptise plus de cent mille
Qui deviennent vrais chrétiens. Mais la reine est mise à part :
Elle sera emmenée captive en douce France.
Le Roi entend qu’elle se convertisse par amour.


CCLXX

La nuit s’enfuit et voici le jour clair.
Charles garnit les tours de Saragosse :
Il y laisse mille chevaliers vaillants
Pour garder la ville en son nom.
Le Roi remonte à cheval avec tous ses hommes
Et Bramimonde, qu’il emmène captive,
Sans autre pensée que de lui faire du bien.
Les voilà de retour, pleins d’allégresse et de joyeux orgueil.
Ils passent à Narbonne en grande hâte,
Et arrivent à Bordeaux, la merveilleuse cité.
Sur l’autel du baron saint Séverin
Charles dépose l’olifant plein d’or et de mangons.
Les pèlerins qui vont là peuvent encore l’y voir.
Il traverse la Gironde sur une foule de grandes nefs,
Conduit le cadavre de son neveu jusqu’à Blaye,
Ainsi qu’Olivier, son noble compagnon.
Et l’archevêque, qui fut sage et courageux.
Il fait mettre ces seigneurs dans de blancs sarcophages
À Saint-Romain ; et c’est là que les barons reposent.
Les Français les recommandent à Dieu et à son saint nom.
Puis Charles va par monts et par vallées,
Il ne veut pas s’arrêter avant Aix ;
Il chevauche si bien qu’il descend à son perron.
Sitôt qu’il est dans son palais superbe,
Il mande, par messagers, les hommes de sa cour.
Bavarois et Saxons, Lorrains et Frisons,
Allemands, Bourguignons,
Poitevins, Normands et Bretons,
Les plus sages de tous les gens de France.
Alors s’ouvre le procès de Ganelon.