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Page:La chanson de Roland - traduction 1911.djvu/143

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LE CHÂTIMENT

CCLXXI

L’Empereur est revenu d’Espagne ;
Il vient à Aix, le meilleur lieu de France,
Monte au palais, entre dans la grand’salle.
Une belle demoiselle, Aude, vient vers lui,
Et dit au Roi : « Où est Roland le capitaine
Qui me jura de me prendre pour femme ? »
Charles en éprouve une douleur pesante.
Pleure des yeux, tire sa barbe blanche :
« Sœur, chère amie, tu t’informes d’un mort.
Mais je veux compenser grandement cette perte ;
Je te donnerai Louis, je ne saurais mieux dire :
C’est mon fils et l’héritier de mes Marches. »
Aude répond : « Ce discours m’est étrange ;
Ne plaise à Dieu, à ses saints, ni à ses anges,
Que je reste vivante après Roland ! »
Elle perd la couleur, tombe aux pieds de Charlemagne,
Et la voilà morte. Dieu ait son âme en merci !
Les barons français la pleurent et la plaignent.


CCLXXII

Aude la belle est allée à sa fin.
Le Roi croit qu’elle est évanouie ;
Il en a pitié, il pleure ;
Il lui saisit les mains, la relève.
Mais la tête retombe sur l’épaule.
Quand Charles voit qu’il l’a trouvée morte,