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Page:La chanson de Roland - traduction 1911.djvu/144

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Il mande sur-le-champ quatre comtesses
Pour la porter dans un moutier de religieuses
Et la veiller toute la nuit, jusqu’au jour.
On l’enterre avec pompe près d’un autel,
Et le Roi lui rendit de grands honneurs.


CCLXXIII

L’Empereur est revenu à Aix.
Le traître Ganelon, chargé de chaînes de fer,
Est dans la cité, devant le palais.
Les serfs l’attachent à un poteau ;
Ils lui lient les mains avec des courroies en peau de cerf ;
Ils le battent à coups de bâtons et de jougs :
Il n’a pas mérité d’autre traitement.
Il attend son jugement dans une profonde douleur.


CCLXXIV

Il est écrit dans l’ancienne Geste
Que Charles appela des hommes de pays différents.
Ils s’assemblèrent dans la chapelle d’Aix.
Le jour était solennel, c’était une très grande fête :
Certains assurent que c’était celle du baron saint Silvestre.
Alors s’ouvre le procès, et ici vous aurez des nouvelles
De Ganelon qui a perpétré la trahison.
L’Empereur l’a fait traîner devant lui.


CCLXXV

« Seigneurs barons, dit le Roi Charles,
Faites-moi justice de Ganelon.
Il vint dans l’armée avec moi jusqu’en Espagne,
Et il me ravit vingt mille de mes Français,
Et mon neveu que jamais plus vous ne verrez.
Et Olivier, le preux et le courtois ;
Il a trahi les douze Pairs pour de l’argent. »
Ganelon dit : « Je serais félon si je le cachais !