Aller au contenu

Page:La chanson de Roland - traduction 1911.djvu/145

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Mais Roland m’avait fait tort d’or et d’argent,
Aussi j’ai cherché sa mort et sa perte ;
Mais je ne vous concède pas qu’il y ait là trahison. »
Les Français répondent : « Nous en tiendrons conseil. »


CCLXXVI

Ganelon est debout devant le Roi.
Son corps est bien pris, son visage a une belle couleur ;
S’il était loyal, il aurait bien l’air d’un baron.
Il regarde les Français et ses juges.
Et trente de ses parents qui l’accompagnent,.
Puis il s’écrie d’une voix haute et retentissante :
« Pour l’amour de Dieu, entendez-moi, barons ;
J’ai été dans l’armée avec l’Empereur
Et l’ai servi par foi et par amour.
Roland son neveu me prit en haine
Et me condamna à une mort douloureuse.
Je fus envoyé comme messager au Roi Marsile,
Et si j’échappai, ce fut par adresse.
Je défiai le valeureux Roland,
Et Olivier, et tous ses compagnons :
Charles et ses nobles barons en sont témoins.
C’est de la vengeance et non de la trahison. »
Les Français répondent : « Nous en tiendrons conseil. »


CCLXXVII

Quand Ganelon voit que s’ouvre son grand procès,
Il rassemble avec lui trente de ses parents.
Il en est un qui se fait écouter des autres,
C’est Pinabel, du château de Sorence.
Il sait bien parler et bien exposer ses raisons.
C’est un vaillant guerrier pour défendre l’honneur de ses armes.
Ganelon lui dit : « J’ai confiance en vous,
Arrachez-moi à la mort et au déshonneur. »
Pinabel dit : « Vous allez être sauvé,
Il n’est Français qui vous condamne à la potence ;