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Page:La chanson de Roland - traduction 1911.djvu/147

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Frère de Geoffroy, le duc d’Anjou.
Il a le corps maigre, mince, et allongé,
Ses cheveux sont noirs, ses yeux quelque peu bruns ;
Il n’est ni trop grand, ni trop petit,
Et dit courtoisement à l’Empereur :
« Beau sire Roi, ne vous lamentez pas.
Vous savez que je vous ai bien servi.
Je dois à mes ancêtres de soutenir cette accusation.
Quels que soient les torts de Roland envers Ganelon,
Votre intérêt eût dû le protéger.
Ganelon est un félon parce qu’il l’a trahi ;
Il est en mauvais cas et parjure envers vous :
Aussi je le condamne à mourir pendu
Et je veux que son corps soit jeté aux chiens
Comme un félon qui a fait félonie.
S’il a un parent qui veut me démentir.
Avec cette épée que j’ai ceinte au flanc
Je suis prêt, sur-le-champ, à soutenir mon avis.
Les Français répondent : « Vous avez bien parlé. »


CCLXXXI

Devant le Roi est venu Pinabel ;
Il est grand, fort, courageux et alerte ;
Celui qu’il a frappé n’a plus de temps à vivre.
Il dit au Roi : « Sire, c’est ici votre plaid ;
Commandez donc qu’aucune dispute ne s’élève.
Voici Thierry qui vient de prononcer son jugement.
Eh bien ! je le démens, et je combattrai avec lui. »
Il lui met au poing le gant en peau de cerf de sa main droite,
L’Empereur dit : « Je voudrais de bons otages. »
Trente de ses parents répondent loyalement pour lui.
Le roi dit : « J’en fais autant pour vous. »
Et il les fait garder tant qu’il est droit.


CCLXXXII

Quand Thierry voit que la bataille est proche,
Il présente à Charles son gant droit.