Aller au contenu

Page:La chanson de Roland - traduction 1911.djvu/148

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

L’Empereur donne caution pour lui, au moyen d’otages.
Sur la place, il fait porter quatre bancs,
Là vont s’asseoir ceux qui doivent combattre.
Au jugement de tous, l’affaire suit son cours régulier ;
C’est Ogier le Danois qui régla tout.
Puis ils demandent leurs chevaux et leurs armes.


CCLXXXIII

Depuis qu’ils sont engagés pour le duel,
Les deux champions bien confessés, absous et signés,
Entendent la messe et communient.
Et donnent pour les moutiers de riches offrandes.
Ensuite les voilà revenus devant Charles.
Ils ont chaussé à leurs pieds les éperons.
Revêtu leurs hauberts blancs, résistants et légers.
Affermi leurs heaumes clairs sur leurs têtes,
Et ceint leurs épées à la poignée d’or pur.
À leurs cous pendent leurs écus à quartiers ;
Ils tiennent leurs épieux tranchants de la main droite,
Et montent sur leurs destriers rapides,
À ce moment, cent mille chevaliers pleurèrent
De pitié pour Thierry et pour Roland,
Mais Dieu sait bien comment cela finira.


CCLXXXIV

Au-dessous d’Aix s’étend un pré immense.
Le combat des deux barons est engagé.
Ils sont gens de cœur et de grand courage.
Et leurs chevaux sont légers et rapides.
Ils les piquent rudement, leur lâchent les rênes.
De toute leur force, ils vont se frapper l’un l’autre.
Ils brisent et fracassent leurs écus.
Rompent leurs hauberts, et coupent leurs sangles,
Les selles tournent et tombent sur la place.
Cent mille hommes les regardent, et pleurent.