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Page:La chanson de Roland - traduction 1911.djvu/150

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Le feu clair en jaillit et monte vers le ciel.
Il est impossible de les séparer.
Ce combat ne finira pas sans mort d’homme.


CCLXXXVIII

Il est vaillant, Pinabel de Sorence,
Il frappe Thierry sur son heaume de Provence,
Le feu en jaillit et embrase l’herbe.
Il lui présente la pointe de l’épée,
Lui fend le heaume sur le front,
Lui fait descendre la lame au milieu du visage,
La joue droite de Thierry est en sang ;
Il lui démaille son haubert jusqu’au haut du ventre.
Mais Dieu préserva Thierry de la mort.


CCLXXXIX

Thierry s’aperçoit qu’il est blessé au visage,
Et que son sang tout clair coule sur l’herbe du pré ;
Il frappe alors Pinabel sur son heaume d’acier bruni,
Le lui rompt et le lui fend jusqu’au nasal,
Lui répand la cervelle hors de la tête,
Brandit son épée, et l’abat raide mort.
Sur ce coup, la bataille est gagnée.
Les Français crient : « Dieu a fait un miracle !
Il est bien juste que Ganelon soit pendu,
Et avec lui, ceux qui ont été ses garants. »


CCXC

Lorsque Thierry eut gagné sa bataille,
L’Empereur Charles arriva.
Accompagné de quatre de ses barons :
Le duc Naimes, Ogier de Danemark,
Geoffroy d’Anjou, et Guillaume de Blaye.
Le Roi a pris Thierry dans ses bras.
Il lui essuie le visage avec ses grandes fourrures de martre,