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Page:La chanson de Roland - traduction 1911.djvu/35

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Il a reçu tant de coups de lances et d’épées,
Il a réduit à la mendicité tant de puissants rois.
Quand donc sera-t-il las de batailler ainsi ?
— Cela ne sera pas, dit Ganelon, tant que vivra son neveu :
Sous la cape des cieux, il n’y a pas un chevalier comme lui ;
Son compagnon Olivier est son rival en prouesses.
Les douze Pairs, tant aimés de Charlemagne,
Composent l’avant-garde avec vingt mille chevaliers,
Charles est tranquille, il n’a personne à craindre. »


XLIII

Le païen dit : « C’est grande merveille pour moi
Que ce Charlemagne qui est blanc et chenu.
Il a bien, que je sache, plus de deux cents ans.
Par tant de terres, il a été en conquérant !
Il a reçu tant de coups de bons épieux tranchants !
Il a vaincu en bataille de si riches rois !
Quand donc sera-t-il las de batailler ainsi ?
— Cela ne sera pas, dit Ganelon, tant que vivra Roland.
Il n’y a pas de pareil baron d’ici en Orient.
Son compagnon Olivier est aussi plein de prouesse.
Les douze Pairs, que Charles aime tant,
Composent l’avant-garde avec vingt mille Francs.
Charles est tranquille, il ne craint homme vivant. »


XLIV

« Beau sire Ganelon, dit le Roi Marsile,
Mon peuple est tel que vous n’en verrez pas de plus beau :
Je puis avoir quatre cent mille chevaliers
Pour combattre contre Charles et ses Français. »
Ganelon répond : « Ce n’est pas cette fois que vous les vaincrez.
Vous ferez une grande perte de vos païens.
Abandonnez cette folie, et tenez-vous-en à la sagesse.
Donnez tant d’argent à l’Empereur
Qu’il n’y ait point de Français qui n’en soit émerveillé.
Au prix de vingt otages, que vous lui enverrez,