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Page:La chanson de Roland - traduction 1911.djvu/36

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Le Roi Charles retournera en douce France.
Il laissera derrière lui son arrière-garde :
Son neveu, le comte Roland, s’y trouvera, je crois,
Et avec lui le preux et courtois Olivier.
Si vous avez confiance en moi, les deux comtes sont morts.
Charles verra tomber son grand orgueil,
Et n’aura plus jamais envie de vous faire la guerre. »


XLV

« Beau sire Ganelon, dit le Roi Marsile,
Comment m’y prendre pour tuer Roland ?
Ganelon répond : « Je saurai bien vous l’apprendre.
Le Roi se trouvera aux meilleurs défilés de Sizre,
Il aura placé derrière lui son arrière-garde.
Là sera son neveu, le superbe comte Roland,
Et Olivier, qui a toute sa confiance.
Envoyez-leur cent mille de vos païens ;
Que ce premier corps leur livre bataille,
La gent de France sera blessée et mise à mal.
Je ne dis pas pour cela qu’il n’y ait grand massacre des vôtres.
Livrez-leur de même une autre bataille.
De l’une ni de l’autre Roland ne pourra se tirer.
Vous aurez accompli là un brillant fait d’armes.
Et vous n’aurez plus de guerre de toute votre vie. »


XLVI

« Qui pourrait faire périr Roland là-bas
Ferait perdre à l’Empereur le bras droit de son corps.
Les merveilleuses armées de France y resteraient,
Charles ne rassemblerait plus de telles forces ;
Toute l’Espagne demeurerait en repos. »
Quand Marsile l’entend, il le baise au cou,
Puis il commence à ouvrir ses trésors.