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Page:La chanson de Roland - traduction 1911.djvu/37

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XLVII

Marsile dit : « À quoi bon parler davantage ?
Il n’est sage conseiller dont on n’exige une assurance.
Promettez-moi la mort de Roland, sans tarder ;
Jurez-moi que je le trouverai à l’arrière-garde ;
Moi, je m’engagerai sur ma loi
À l’y combattre, si je l’y trouve. »
Ganelon répond : « Qu’il en soit comme il vous plaira ! »
Sur les reliques de son épée Murgleis
Il jure la trahison, voilà le forfait accompli !


XLVIII

Un fauteuil d’ivoire était là :
Marsile y fait apporter devant lui un livre
Où se trouve écrite la loi de Mahomet et de Tervagan ;
Le Sarrasin d’Espagne y prête son serment :
« S’il trouve Roland à l’arrière-garde,
Il le combattra avec toute son armée,
Et, s’il le peut, il le fera périr. »
Ganelon répond : « Puisse notre accord réussir ! »


XLIX

Voici venir un païen : Valdabrun,
C’est lui qui éleva le Roi Marsile.
Le visage ouvert et riant, il dit à Ganelon :
« Prenez mon épée, nul homme n’en a de meilleure ;
Entre les quillons de la poignée, il y en a pour plus de mille mangons.
C’est par amitié, beau sire, que je vous la donne.
Pour que vous nous aidiez contre Roland le baron
Et que nous puissions le trouver à l’arrière-garde.
— Il en sera ainsi », répond le comte Ganelon.
Après quoi, ils se baisèrent au visage et au menton.