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Page:La chanson de Roland - traduction 1911.djvu/39

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Dix mulets chargés de l’or le plus fin d’Arabie ;
Jamais année ne passera sans que je renouvelle ce présent.
Prends les clefs de cette vaste cité
Et présente tous ces trésors au roi Charles,
Mais fais placer Roland à l’arrière-garde.
Si je le puis trouver aux défilés et aux passages,
Je lui livrerai une bataille à mort. »
Ganelon répond : « M’est avis que je tarde trop ! »
Alors il monte à cheval et se met en route.


LIV

L’Empereur Charles approche de son royaume,
Il arrive à la cité de Valtierra
Prise et démantelée par le comte Roland.
Depuis ce jour, elle fut cent ans déserte.
Le Roi attend des nouvelles de Ganelon
Et le tribut d’Espagne, la grande contrée.
Un matin, à l’aube, à la prime lueur du jour,
Le comte Ganelon arrive au campement.


LV

L’Empereur s’est levé de bon matin.
Il a écouté messe et matines,
Et s’est assis sur l’herbe verte, devant sa tente.
Roland s’y trouve, et, avec lui, Olivier le preux,
Le duc Naimes, et beaucoup d’autres.
Ganelon y arrive, le traître, le parjure.
Il commence à parler avec perfidie,
Et dit au Roi : « Dieu vous sauve !
Je vous apporte les clefs de Saragosse.
Je vous amène de grandes richesses
Et vingt otages, faites-les garder avec soin.
Et le vaillant Roi Marsile vous mande
De ne le point blâmer à propos du Kalife.
Car, de mes yeux, j’ai vu une armée de trois cent mille hommes
Revêtus du haubert et équipés du heaume d’acier,