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Page:La chanson de Roland - traduction 1911.djvu/47

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Il dit à son oncle, bellement, en riant :
« Beau sire Roi, je vous ai si bien servi,
J’ai subi pour vous tant de peine et tant de douleur,
J’ai livré et remporté tant de batailles !
Comme fief, je vous demande de frapper Roland ;
Je l’occirai de mon épieu tranchant ;
Si Mahomet veut être mon garant,
Je délivrerai l’Espagne entière
Des défilés d’Aspre jusqu’à Durestant,
Charles se lassera ; les Français se rendront,
Et de votre vivant vous n’aurez plus de guerre. »
Le roi Marsile lui en donne son gant.


LXXII

Le neveu de Marsile tient le gant dans son poing
Et, fièrement, interpelle son oncle :
« Beau sire Roi, vous m’avez fait grand don,
Choisissez-moi onze de vos barons,
Je combattrai les douze compagnons. »
En premier lieu lui répond Fausseron
(C’est le frère du Roi Marsile) :
« Beau sire neveu, vous et moi, nous irons.
Et nous livrerons cette bataille.
L’arrière-garde de la grande armée de Charles,
Il est sûr que nous la détruirons. »


LXXIII

Le Roi Corsablis vient d’autre part,
Il est barbaresque et tout rempli d’astuce.
Cependant il parle ainsi qu’un bon vassal.
Voici venir Malprime de Brigal,
Plus vite il court que ne fait un cheval ;
Devant Marsile, il s’écrie à voix haute :
« Je conduirai mon corps à Roncevaux,
Et si j’y trouve Roland, je le tue ! »