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Page:La chanson de Roland - traduction 1911.djvu/48

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LXXIV

Il y a là l’émir de Balaguer ;
Son corps est beau, sa face fière et claire.
Sitôt qu’il est monté sur son cheval,
Il est tout fier de se voir sous les armes.
Pour son courage, il est fort renommé.
S’il fût chrétien, quel baron c’eût été !
Devant Marsile ainsi s’est écrié :
« À Roncevaux je veux porter mon corps,
Et si je trouve Roland, il est mort.
Et avec lui Olivier et tous les douze Pairs.
Les Français périront de deuil et de honte.
Charlemagne est vieux, et il radote,
Il renoncera à nous faire la guerre,
Nous garderons l’Espagne en liberté. »
Le Roi Marsile l’en a fort remercié.


LXXV

Il y a là l’émir de Moriane,
Il n’y a pas de plus grand félon en la terre d’Espagne.
Devant Marsile, il fait sa vanterie :
« À Roncevaux je guiderai mes gens,
Vingt mille armés et d’écus et de lances ;
Si je trouve Roland, je lui garantis la mort,
Charles en pleurera tous les jours de sa vie. »


LXXVI

D’autre part est Turgis de Turtelose ;
C’est un comte, et la ville lui appartient.
Il veut faire du mal aux chrétiens.
Devant Marsile il vient se joindre aux autres,
Et dit au Roi : « Ne vous étonnez point !
Mahom vaut mieux que saint Pierre de Rome.
Si vous le servez, l’honneur du champ est à nous.