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Page:La chanson de Roland - traduction 1911.djvu/49

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À Roncevaux, j’irai joindre Roland,
Nul ne pourra le sauver de la mort ;
Voyez mon épée : elle est bonne, elle est longue,
Je la croiserai contre Durandal.
Laquelle des deux aura l’avantage, vous le saurez.
Si les Français engagent la lutte, ils y mourront.
Charles le vieux aura douleur et honte.
Jamais plus il ne portera couronne en tête. »


LXXVII

D’autre part est Escremis de Valterne,
Il est Sarrasin et maitre de sa terre.
Devant Marsile, en la foule, il s’écrie :
« À Roncevaux, je vais abattre l’orgueil de France.
Si je trouve Roland, il n’en rapportera pas sa tête.
Non plus qu’Olivier qui commande aux autres.
Les douze Pairs sont condamnés à mort,
Français mourront, France en sera déserte.
De bons vassaux Charles aura disette. »


LXXVIII

D’autre part est un païen, Estorgant ;
Estramarin, un sien ami, l’accompagne.
Ils sont félons, fourbes, et traîtres.
Marsile leur dit : « Seigneurs, approchez-vous
Vous irez aux défilés de Roncevaux
Et m’aiderez à conduire ma gent. »
Eux de répondre : « Sire, à vos ordres.
Nous attaquerons Olivier et Roland,
Rien ne sauvera les douze Pairs de la mort,
Car nos épées sont bonnes et tranchantes ;
Nous les rendrons vermeilles de sang chaud,
Français mourront, Charles en sera dolent,
Nous vous ferons présent de la Grande Terre.
Venez-y, Roi, vous le verrez vraiment.
Nous vous ferons même cadeau de l’Empereur. »